« Accelerating Access » devait permettre aux pays en développement un accès aux médicaments aux prix les plus bas, mais aussi de bénéficier d’un soutien technique des agences des Nations Unies (OMS, ONUSIDA) à la mise en place d’un accès national aux traitements antirétroviraux.
Deux ans plus tard, les activistes font le bilan : « Accelerating Access » sert avant tout les laboratoires pharmaceutiques qui tirent profit du label des institutions internationales pour conserver un monopole et limiter les baisses de prix.
Mardi 28 mai 2002 a lieu la quatrième réunion du groupe de contact de l’initiative Accelerating Access, lancée il y a deux ans par l’ONUSIDA en partenariat avec plusieurs agences des Nations Unies (OMS, FNUAP, UNICEF et Banque mondiale) et cinq compagnies pharmaceutiques (Boehringer Ingelheim, Bristol-Myers Squibb, Glaxo SmithKline, Merck & Co., et Hoffman-La Roche ). Depuis la fin de l’année 2001 cette initiative se poursuit sous l’égide de l’OMS.
» Accelerating Access » devait permettre aux pays en développement un accès aux médicaments aux prix les plus bas, mais aussi de bénéficier d’un soutien technique des agences des Nations Unies (OMS, ONUSIDA) à la mise en place d’un accès national aux traitements antirétroviraux.
Deux ans plus tard, les activistes font le bilan : » Accelerating Access » sert avant tout les laboratoires pharmaceutiques qui tirent profit du label des institutions internationales pour conserver un monopole et limiter les baisses de prix.
Selon les estimations les plus optimistes, après deux ans, seuls quelques milliers personnes dans le monde auraient débuté une thérapie antirétrovirale par l’intermédiaire d’«Accelerating Access» — soit moins de 0,1% des 10 millions de personnes séropositives dont l’état de santé nécessite une mise sous traitement.
Mais deux années d’ » Accelerating Access » ne se soldent pas simplement par de piètres résultats en terme d’accès aux médicaments et de vies sauvées. Cette initiative a également généré nombres d’effets pervers que l’OMS et l’ONUSIDA ont non seulement été incapables d’éviter mais surtout qu’ils ont cautionnés : instrumentalisation des institutions internationales de santé, discrimination entre pays, contrôle et accaparement des marchés, court-circuitage des systèmes nationaux d’approvisionnement en médicaments, développement de prescriptions irrationnelles et dangereuses (pour plus d’information lire notre article précédent sur le programme ).
« Accelerating Access » est un exemple criant de compromission entre institutions internationales de la Santé et industrie pharmaceutique au mépris de l’intérêt des populations et de la santé publique.
L’OMS ne peut impliquer les pays en développement dans des partenariats avec des compagnies privées sans garantir un cadre de négociations transparent, le respect de principes éthiques et un minimum d’obligation de résultats.
En outre, l’OMS ne peut prendre prétexte de partenariats avec l’industrie de marque pour ignorer délibérement l’enjeu majeur en matière de prix et l’origine des baisses de plusieurs molécules ces dernières année : l’accès aux génériques. En effet, la mise en compétition entre médicaments de marques et génériques reste la seule perspective à long terme pour pouvoir accéder à la palette thérapeutique la plus large et la plus complète possible aux prix les plus bas.
Pourtant, en mettant en avant, lors de l’Assemblée Mondiale de la Santé , la question des prix différenciés — qui ne serait ni plus ni moins qu’un arrangement avec les industriels détenteurs des marques — Gro Harlem Brundtland, directrice de l’OMS, prend le parti d’occulter cette question déterminante.
Alors que les négociations battent leur plein au conseil de TRIPS à l’OMC au sujet de l’exportation des génériques, la directrice de l’OMS refuse de tirer les leçons du passé et condamne les malades en remettant, une fois de plus, leur sort entre les mains des laboratoires de marque.