Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme annonce les premières subventions. Les activistes de Health Gap Coalition, Act Up-Paris et Stopaids Nigéria exigent que la priorité soit donnée aux traitements contre le sida, et demandent instamment des fonds supplémentaires pour répondre aux besoins.
Alors que la deuxième réunion du conseil d’administration du Fonds mondial s’est achevée à New York, l’allocation des moyens financiers disponibles laisse le Fonds pour ainsi dire vide. La prochaine session d’attribution de financements doit avoir lieu en septembre prochain. Les demandes seront certainement beaucoup plus importantes que lors de ce premier appel d’offre – les pays bénéficiant de plus de temps pour élaborer les propositions qu’ils soumettront. Pourtant, en l’état, le Fonds mondial, très insuffisamment alimenté par les pays riches, est totalement incapable de répondre aux besoins des pays, particulièrement en ce qui concerne la nécessité de traiter les malades du VIH/sida.
Pour les activistes, le Fonds mondial est passé à côté d’une occasion majeure de sauver des vies. La moitié des pays les plus touchés par le VIH, la tuberculose et le paludisme n’ont bénéficié d’aucun soutien financier du Fonds mondial à l’issue de ce premier cycle. En outre, les quelques propositions qui prévoient un accès aux antirétroviraux ne permettront de soigner que 40.000 malades sur les 10 millions de personnes dont l’état de santé nécessite une mise sous traitement immédiate. De plus, les ambitions du Fonds mondial ont été réduites de façon significative. Plusieurs pays en développement ont ainsi fait état de pressions externes exercées par les pays donateurs afin qu’ils revoient leurs demandes à la baisse. Le Financial Times (22 avril 2002) a notamment rapporté le cas du Malawi, à qui il a été demandé de réduire la portée de sa proposition ainsi que le montant de la somme demandée.
Il est temps de réparer les dégâts causés par 15 années durant lesquelles les pays donateurs ont découragé les pays du Sud de mettre sur pied des programmes de traitement, et refusé d’inclure le traitement dans les programmes bilatéraux. Selon un communiqué de presse, la délégation non gouvernementale des pays en développement siégeant au bureau du Fonds mondial compte demander aux pays du Sud de montrer l’exemple, en consacrant des sommes importantes, et en soumettant des propositions comprenant des traitements pour les formes de paludisme et de tuberculose résistants, ainsi que des antirétroviraux.
Mais tant que les caisses ne seront pas renflouées, et que le Conseil d’Administration du Fond n’aura pas décider de mettre la priorité sur le VIH, le second cycle de répartition risque d’être catastrophique.
Le Congrès des Etats-Unis va étudier sous peu une demande de 700 millions de dollars destinés au Fonds mondial pour l’année 2002, ce qui pourrait entraîner une augmentation considérable des contributions.
En France, les responsables politiques doivent répondre à l’attente de l’opinion publique dont « une écrasante majorité estime que la participation de la France dans le financement de la lutte contre le sida au niveau mondial devrait être à la hauteur de son poids économique » (selon un sondage BVA réalisé en mars 2002 pour AIDES et Libération).
Aujourd’hui, les activistes exigent que :
– les pays riches consacrent enfin des ressources conséquentes au Fonds mondial, en adéquation avec les besoins. Le gouvernement des Etats Unis doit consacrer 2 milliards de dollars pour l’année 2002, et le Congrès doit voter en faveur de la demande supplémentaire d’urgence de 700 millions de dollars pour l’année 2002. La France doit accepter une contribution de 1 milliard d’euros par an si elle souhaite rompre avec une politique criminelle et raciste.
– les responsables du Fonds mondial s’engagent à donner la priorité au traitement du VIH lors du prochain cycle de propositions.
– les agences des Nations Unies et les Fondations fournissent une aide technique aux pays du Sud pour mettre au point des programmes de traitement du VIH ainsi que des projets d’extension des programmes de traitement existants.