Les compagnies pharmaceutiques empêchent l’accès aux antirétroviraux génériques dans les pays en développement par :
1. Les brevets : les compagnies pharmaceutiques manient les lois sur la propriété intellectuelle pour empêcher les gouvernements des pays pauvres de produire ou d’importer des médicaments génériques antiVIH/sida à meilleur marché ;
2. Ententes entre compagnies pharmaceutiques et gouvernements : les compagnies pharmaceutiques, à travers leurs offres soi-disant philanthropiques (« Accelerated Access Initiative »), soutirent aux gouvernements des pays les plus pauvres des concessions abusives sur leur droit, aujourd’hui reconnu à l’OMC, de produire et d’importer des versions génériques de tout produit de santé, alors même que leurs offres restent en moyenne 5 fois plus chères que les génériques;
3. L’OMC : les compagnies pharmaceutiques, à travers leurs relais dans l’administration Américaine et Européenne, bloquent le processus initié au sommet de Doha et qui permet aux pays pauvres de se fournir en médicaments génériques abordables, par la production ou l’importation/exportation.
Dans l’ensemble, les médicaments génériques demeurent 80% moins chers que les versions originales à prix « réduit ». Ceci a des conséquences énormes en termes de vies humaines, dans la mesure où les pays les plus touchés par le sida sont si pauvres que toute possibilité de baisse de prix non-exploitées se traduit par l’exclusion immédiate de milliers de malades de l’accès au traitement, et les condamnent ainsi à mort.
Cela signifie aussi que les prix des génériques doivent encore baisser davantage, sans quoi les malades les plus pauvres n’y auront jamais accès. Une guerre mondiale des prix entre fabricants est donc nécessaire.
Or aujourd’hui la seule façon d’augmenter la concurrence entre producteurs de génériques est d’augmenter la taille du marché qu’ils se disputent : que tous les pays en développement s’approvisionnent désormais chez les producteurs de génériques du Sud plutôt qu’auprès des grands laboratoires de marques. Maintenant que l’OMS garantie la qualité de plus en plus de génériques, il n’y a plus aucune raison pour attendre plus longtemps.
Ainsi les accords imposés par les géants pharmaceutiques aux pays pauvres sont doublement criminels: à court terme ces accords privent les malades du sida de traitements moins chers qui seuls leurs sont abordables; à moyen terme, ces accords réduisent la concurrence et bloquent l’accélération de la guerre mondiale des prix des médicaments sida, qui est nécessaire pour un accès rapide et massif au traitement.
Aussi Act Up-Paris exige des compagnies pharmaceutiques qu’elles :
– Renoncent à tous leurs brevets sur les antirétroviraux dans les pays en développement ;
– Libèrent tous les pays de toutes les clauses anti-génériques, telles que les clauses interdisant la production locale, l’importation de génériques où l’achat auprès de concurrents;
– Cessent de bloquer la possibilité pour les pays pauvres, reconnue à l’OMC, non seulement de fabriquer et d’importer des version génériques des médicaments, mais aussi de les exporter.