Des années de travail de prévention risquent d’être anéanties par des mesures répressives, violentes et stigmatisantes à l’encontre des prostituéEs. Contrôles d’identité incessants, intimidations, verbalisations, insultes racistes et sexistes, rafles, expulsions, abus de pouvoir, tel est depuis quelques mois le quotidien des travailleurs et travailleuses du sexe.
Depuis l’arrivée de la droite au pouvoir, la répression et le harcèlement policier envers les prostituéEs, déjà entamés sous le gouvernement précédent, s’aggravent un peu plus chaque jour. De même, dans certaines villes, de nombreux maires, de gauche comme de droite, anticipent la politique du Ministre de l’Intérieur. Ils adoptent des mesures qui selon leurs propres termes visent à « nettoyer » et « assainir » leur centre ville de la présence des travailleurSEs du sexe, directement assimiléEs à des ordures ménagères.
Criminaliser la prostitution et obliger les travailleurSEs du sexe à quitter les centre-villes les poussent à exercer leur activité à la périphérie dans des endroits plus cachés. Cet isolement est doublement préjudiciable ; d’une part il les rend plus vulnérables face aux clients et à d’éventuelles agressions ; d’autres part le travail des acteurs de prévention est rendu plus difficile – tournées des bus sur les lieux où s’exerce la prostitution, distribution d’outils de prévention (préservatifs, gel, seringues), accompagnement sanitaire, social et juridique.
Par ailleurs, la précarisation accrue des travailleurSEs du sexe vient remettre en question leur échelle des priorités. En effet, quand vous luttez au jour le jour pour vous nourrir et vous loger, quand votre vie est en danger, qu’à tout moment, vous risquez d’être agresséEs, dénoncéEs ou arrêtéEs, l’utilisation du préservatif devient secondaire.
De même, la criminalisation des clients porterait un dernier coup aux prostituéEs. Cette mesure est défendue par le PS, notamment à Paris, et par un certain nombre de féministes. Se rendent-ils compte qu’en obligeant les travailleurSEs du sexe à chercher leurs clients dans des lieux toujours plus clandestins, ils les éloigneraient un peu plus des structures de prévention et de prise en charge ? Qu’ils les exposeraient encore plus à d’éventuelles violences ? Et qu’ils soutiennent ainsi la politique de stigmatisation et d’exclusion de Nicolas Sarkozy ? Ce n’est certes pas la première fois que le PS offre un soutien objectif à la politique de répression de la droite, au mépris de la santé et de la vie des personnes qu’il prétend défendre.
Enfin, le projet de loi sur la sécurité intérieure de Nicolas Sarkosy prévoit des mesures d’éloignement à l’encontre des prostituéEs étrangèrEs. Nous dénonçons cette loi raciste qui vient renforcer l’amalgame entre prostitution et trafic d’êtres humains, et criminaliser les travailleurSEs du sexe les plus vulnérables.
Depuis quelques mois, les expulsions qui se sont intensifiées et banalisées, nient les droits élémentaires de ces personnes. Les associations de terrain sont volontairement écartées par les policiers empêchant tout soutien aux travailleurSEs du sexe. Ainsi, les droits des étrangerEs atteints de pathologies graves sont souvent bafoués, et des prostituéEs possédant des passeports de l’Union Européenne ont également été expulséEs.
Les expulsions n’ont pour seule conséquence que de rendre les « filles » encore plus dépendantes des réseaux puisque nous savons qu’elles retraverseront les frontières dans le mois qui suit, faisant appel à des passeurs, ce qui les entraîne à nouveau dans un engrenage de dettes et de chantage.
Elles sont ainsi doublement victimes des politiques migratoires. Une première fois en tant que migrante légale puisqu’on leur refuse des papiers et une seconde fois par la répression des sans papiers.
Repousser la prostitution dans la clandestinité et mettre en danger la vie et la santé des travailleurSEs du sexe, tel est le prix de la tranquillité des riverains.