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En augmentation constante, l’asthme est une maladie qui touche, aujourd’hui, 3,5 millions de personnes en France dont beaucoup de séropositifs. Il provoque 2 000 décès par an. La majorité de ces décès pourrait être évités si la maladie était mieux détectée par les soignants et mieux expliquée aux malades.

En cas de souffrance ou de gêne respiratoire il est important de consulter un médecin et afin de lui donner une information aussi claire que possible, il est utile de s’y préparer en répondant à quelques questions : souffrez-vous de troubles du sommeil ? Quels symptômes ressentez-vous ? Peinez-vous à accomplir certaines activités ? Avez-vous des difficultés respiratoires (souffle court ou respiration sifflante) ?

définition

Asthme n.m. Du grec asthma, respiration difficile. Maladie de cause souvent allergique, caractérisée par des accès de gêne expiratoire, dus à un spasme bronchique (Petit Larousse 2002). En d’autres termes c’est une maladie des bronches, qui entraîne pendant les crises des difficultés à inspirer et surtout à expirer l’air des poumons. La gêne s’accompagne généralement d’un sifflement lors de l’expiration, qui atteste du rétrécissement des bronches. L’air est alors emprisonné dans la poitrine. Le thorax est bloqué. Une toux irritante cherche à rejeter les mucosités qui s’accumulent dans les bronches.

Il existe différentes sortes d’asthme, mais tous n’ont pas les mêmes origines. Ils peuvent être dus à un terrain familial favorable (héréditaire), à des facteurs allergènes ou à d’autres raisons que les spécialistes ne peuvent expliquer. Ce qui est sûr c’est qu’on ne guérit pas de l’asthme, il peut rester en sommeil après traitement, mais sans qu’on en connaisse la cause, il peut aussi se réveiller après des années de silence.

catalogue

– L’asthme paroxystique (qui entraîne des crises très intenses) est caractérisée par trois phases. D’abord, mais ce n’est pas systématique, des signes annonciateurs de la crise apparaissent, en particulier une toux. Puis vient la crise proprement dite, qui se caractérise par une gêne respiratoire intense et aigüe. Elle se produit souvent la nuit, la position allongée est difficile à supporter le malade se sent mieux assis. Les symptômes sont multiples : respiration sifflante surtout à l’expiration, oppression thoracique, essoufflement qui s’accompagne d’une distension du thorax. Enfin, progressivement ces signes régressent et ce d’autant plus rapidement que le traitement a été précoce. Le malade tousse et expectore (crachats).
– L’asthme à dyspnée continue touche en général des gens plus âgés et se caractérise par une persistance des symptômes respiratoires même entre les crises.
– L’asthme instable se reconnaît par une augmentation de la fréquence des crises. Ainsi plusieurs crises aiguës simples peuvent s’enchaîner dans une même journée (attaque d’asthme). Une plus grande consommation de médicaments traitant les crises est aussi significatif.
– L’asthme aigu grave ressemble à une cyanose, les sifflements diminuent, voire disparaissent (silence auscultatoire), mais les fréquences respiratoire et cardiaque sont augmentées. La respiration est inefficace, le malade se fatigue, s’agite, est anxieux, et ne peut pas prononcer de phrases entières sans faire de pauses pour respirer. Progressivement l’épuisement respiratoire gagne le malade, qui pour en sortir doit faire appel à d’autres muscles (ceux du dos par exemple). Ce genre de crise nécessite une hospitalisation d’urgence. L’asthme aigu grave peut survenir d’emblée ou sur un terrain d’asthme instable.

déclenchements et mécanismes

Il existe différents mécanismes qui expliquent l’obstruction des conduits aériens : la broncho-constriction (lors de la crise, le muscle bronchique se contracte), l’œdème (la paroi de la bronche s’épaissit) et l’hypersécrétion (la paroi interne secrète d’importantes mucosités). Les deux derniers phénomènes constituent l’inflammation bronchique. Peu ressentie par le malade, c’est pourtant le fond du problème. Après la crise, plus ou moins tardivement en fonction de l’allergène, certaines cellules de défenses sont attirées au niveau des bronches pour détruire l’agent agresseur. Attaqué celui-ci libère des particules toxiques qui, paradoxalement, entretiennent l’inflammation bronchique et facilitent la survenue de nouvelle crise. Cette inflammation bronchique doit être traitée sérieusement pour éviter que la maladie n’évolue vers la chronicité. Mais différents facteurs externes peuvent être à l’origine des crises d’asthme : l’humidité, la poussière, la fumée de cigarette, les pollens, un effort physique, etc.

ramoneurs et ramonage

Aujourd’hui, même si on ne guérit pas l’asthme, un asthmatique peut vivre normalement à condition d’être bien traité et bien informé. Les médicaments permettent de contrôler près de 95 % des asthmes. On distingue les traitements de la crise (qui agissent sur la bronchoconstriction) des traitements de fond.

Le traitement de référence de la crise d’asthme se compose de bronchodilatateurs ß2 stimulants. Ils réouvrent les bronches rétrécies, d’où leur nom de « bronchodilatateurs ». Ces produits, administrés en inhalation, permettent un immédiat relâchement de la musculature bronchique et aboutit à une dilatation des bronches et permet un véritable soulagement. En cas de crise grave, des corticoïdes par voie orale ou sous-cutanée peuvent également être prescrits.

Le traitement de fond est primordial pour éviter la survenue de crises, mais il est trop souvent négligé par les malades. On distingue les anti-allergiques bronchiques et les anti-inflammatoires. Le traitement repose principalement sur la prise quotidienne de corticoïdes inhalés ou de cromones inhalées. Leur but est de réduire l’inflammation locale et l’hyper-réactivité des bronches, mais ces produits ne permettent pas de traiter la crise.

Il existe d’autre types d’anti-inflammatoires comme les antileucotriènes. Ils agissent en bloquant l’action les leucotriènes, substances qui resserrent les bronches et qui augmentent l’inflammation et la sécrétion de mucus par les bronches.

Des anticholinergiques inhalés sont parfois prescrits en prise quotidienne pour le traitement de fond. Ils sont bronchodilatateurs et ont un rôle de régulation au niveau de la musculature des bronches.

Des bronchodilatateurs ß2 stimulants inhalés ou par voie orale sont également associés au traitement anti-inflammatoire mais ne sont jamais donnés seuls. Ces composés sont des substances à longue durée d’action.

La théophylline est le plus ancien bronchodilatateur. Elle est de moins en moins utilisée car elle présente des effets secondaires (digestifs, cardiaques et neurologiques) et a une marge thérapeutique faible.

En bref, il est difficile d’ajuster la posologie pour obtenir un traitement efficace sans risque de toxicité.

entretien

Nous avons rencontré cet été le docteur Marteau, pneumologue, pour qu’il nous aide à comprendre cette pathologie et ses interactions avec le VIH. Il a constaté, d’une manière empirique, une augmentation du nombre de malades séropositifs souffrant de l’asthme. Pour autant cela ne veut pas dire qu’il existe une prévalence plus importante chez les séropositifs. Du fait de l’absence d’études sur la question, le docteur Marteau ne veut pas en tirer de conclusion générale. Ce qui est sûr c’est qu’il retrouve une fréquence d’asthme plus importante chez les malades immunodéprimés. D’où son insistance à prévenir la maladie, à la dépister au plus tôt, et à la prendre en charge dans les meilleurs délais.

Dans sa pratique clinique il n’a pas constaté d’interactions entre les principaux traitements contre l’asthme et les antirétroviraux. Mais une fois encore seules des études menées sur le sujet nous permettrons d’en savoir plus.

Pour ce qui est du tabagisme, les études le prouvent et rejoignent là, le bon sens : la cigarette est un facteur aggravant de l’asthme. Quand on sait que les séropositifs consomment plus de cigarettes que la population générale, l’inquiétude de voir se développer de plus en plus de cas d’asthmes est fondée. Une étude prospective sur 8 ans, réalisée avec 90.000 asthmatiques a montré une prévalence très importante de cancer des poumons chez les asthmatiques. Elle est de l’ordre de 50% chez les hommes. Des données qui donne à réfléchir et qui devrait inciter toute personne séropositive à effectuer un dépistage de l’asthme.