Depuis quelques années, la France se distingue par l’absence de toute campagne d’information, de prévention et de dépistage de l’hépatite B, pourtant responsable de très sévères complications : cirrhoses, cancer du foie.
La première Conférence Internationale de Consensus sur l’hépatite B a eu lieu à Genève les 13 et 14 septembre 2002. Elle a réuni des experts et des associations qui ont dressé un état des lieux en vue de prochaines recommandations. Le VHB[[Virus de l’Hépatite B]] concerne environ 150.000 patients en France dont 20.000 coinfectés VIH-VHB. Depuis quelques années la France se distingue par l’absence de toute campagne de lutte contre le VHB. Malgré les demandes répétées des associations de patients, le Ministère de la Santé n’a pas pris date et mis en place de politique d’information, de prévention et dépistage actualisée.
Contre l’hépatite B, nous disposons d’un vaccin efficace. Mais en octobre 1998, après avoir vacciné « à tout va » 27 millions de français, le ministre de la Santé décidait la suspension de la politique de vaccination systématique des populations scolarisées. En effet sous la pression du « lobby anti-vaccin » et de personnes ayant eu des poussées de sclérose en plaque (atteintes démyélinisantes), il a fallu attendre les résultats d’enquête sur le lien de cause à effet.
Des rumeurs infondées
Au niveau international, toutes les études comparatives infirment le lien entre le vaccin VHB et les scléroses. D’autres vaccins présentent des résultats et des risques rares tout à fait comparables (grippe) ou plus importants (méningocoque), sans que les populations en soient effrayées. L’InVS[[Institut de Veille Sanitaire]] mène une autre enquête sur les cas de myofascite à macrophage (atteinte musculaire) en lien avec certains vaccins.
Enfin, même si on sait qu’il n’y a pas de vaccin « sans risques », il ne faudrait pas oublier de les comparer aux risques de transmission du VHB durant l’existence et à sa morbidité : les résultats restent très favorables à la vaccination, d’autant plus que les rares risques sont maintenant décelables et évitables.
Le vaccin a vraiment permis de faire chuter les incidences de cas dramatiques de VHB, mais pas suffisamment. En 2002, il y a eu 6 greffes du foie pour hépatite B fulminante. Après la campagne de vaccination, les autorités de santé publiques ont aussi abandonné toutes actions de prévention et de dépistage. La confusion et les rumeurs les plus infondées l’ont remplacé.
Une situation catastrophique
Depuis cette décision, la politique de lutte contre l’hépatite B est au point mort :
– L’arrêt de la vaccination systématique d’enfants scolarisés s’est aussi accompagnée d’une chute de la vaccination des nourrissons, qui est passée de plus de 70% il y a dix ans, à 28% aujourd’hui. Or, les nourrissons ne produisent pas de myéline[[substance formant une gaine autour de certaines fibres nerveuses et servant à accélérer la conduction des messages nerveux.]] et n’ont donc aucun risque de sclérose. Le ministère hésite à lancer une campagne de vaccination ciblée sur les « personnes à risques ».
– Le dépistage systématique du VHB chez la femme enceinte a chuté, alors que le risque de transmission materno-foetale est très important, près de 90%.
– 40 millions de personnes ne sont pas vaccinées.
Il faut donc s’inquiéter de la possibilité d’une recrudescence de l’hépatite B, notamment auprès des populations les plus exposées (partenaires sexuels multiples, toxicomanes, conduites à risques). Pourtant aucune date de campagne d’information spécifique de ces populations n’est donnée.
Belles intentions
Le Plan national Hépatites 2002-2005 du Ministère de la Santé prévoit des campagnes de prévention, d’information et de dépistage du VHB. Mais depuis cet effet d’annonce, rien n’a bougé. Lors de la journée nationale Hépatite du 10 octobre 2002, les responsables ministériels nous ont fait part, comme d’habitude, de leur volonté et de leurs inquiétudes. Malheureusement, ils n’ont fournit aucune date officielle concrète.
Tous ces choix témoignent de l’absence sur le terrain, de politique de santé contre le VHB. Les personnes coinfectées VIH/VHB sont particulièrement affectées par le silence des autorités de santé. Toute personne séropositive doit effectuer un dépistage du VHB et du VHC. Le VHB est une MST, et à ce titre son dépistage est gratuit dans tous les CDAG[[Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit]]. Si le dépistage est négatif, le médecin a pour mission d’orienter son patient vers la vaccination.
Nous exigeons une action urgente pour plus d’information sur le VHB.
Nous exigeons une campagne d’envergure de prévention et de dépistage.