Etude de phase III, multicentrique, ouverte, randomisée, destinée à comparer l’administration de lopinavir / ritonavir une fois par jour versus deux fois par jour, en association au ténofovir et l’emtricitabine, chez des patients naïfs d’antirétroviraux.
à qui s’adresse cet essai ?
A 200 malades séropositifs, âgés d’au moins 18 ans, n’ayant jamais pris de traitement pour leur infection à VIH et ayant plus de 1.000 copies de charge virale. L’essai se déroule dans plusieurs pays dont la France, sur 48 semaines.
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Le promoteur assure que l’essai est à bénéfice individuel direct. Pour les participants français, cet essai présente effectivement l’intérêt de réduire le nombre des prises quotidiennes, mais il existe par ailleurs d’autres traitements, de première intention, efficaces et en une seule prise. Par conséquent, le bénéfice “individuel direct” en devient relatif.
Les critères d’inclusion, très vagues, risquent d’induire des inclusions trop larges : le promoteur ne semble pas respecter les recommandations formulées dans le rapport Delfraissy, lequel préconise d’initier un traitement chez des malades ayant moins de 300 CD4 et une charge virale importante.
Le promoteur annonce qu’il existe des risques cardio-vasculaires liés à la prise des antirétroviraux (et plus particulièrement Kaletra®). Le laboratoire Abbott aurait pu profiter de cet essai pour documenter particulièrement l’incidence de ce type d’effet secondaire chez les patients ne prenant qu’une seule prise par jour. Un électrocardiogramme en début et en fin d’essai est prévu, ainsi qu’un bilan lipidique. Ce n’est pas suffisant. Nous ne cessons de répéter que les laboratoires doivent intégrer dans leurs protocoles l’évaluation des effets secondaires liés à une prise au long cours des médicaments. Abbott, comme les autres, continue à profiter du vide juridique en mettant en place des études comme celles-ci, études où le bénéfice attendu pour les malades est relatif.
quel est l’objectif de l’essai ?
Les principaux objectifs sont de comparer la tolérance, l’acceptabilité et l’activité antivirale d’une administration de lopinavir / ritonavir (lopinavir/r) en une prise par jour, à une administration en deux prises par jour. Il s’agit aussi d’approfondir les connaissances sur la pharmacocinétique d’une administration de lopinavir/ritonavir en une prise par jour.
quels sont les critères pour y entrer ?
Avoir plus de dix-huit ans, être naïf de traitements antirétroviraux ou sous traitement initié depuis moins de 7 jours, avoir une charge virale supérieure à 1.000 copies/ml, ne pas souffrir d’affections aiguës, ne pas avoir d’antécédent important de maladie cardiaque, rénale, neurologique, psychiatrique, oncologique, endocrinologique, métabolique ou hépatique. Pour les femmes, avoir un test de grossesse négatif, utiliser un moyen de contraception efficace ou être ménopausée. L’abus récent d’alcool et de drogues est un facteur de non-inclusion, à l’exception du cannabis (à moins que l’investigateur juge que la prise de cannabis puisse interférer avec la compliance du patient).
Pour tout essai de l’industrie pharmaceutique, le choix des patients à inclure est soumis à un crible particulièrement sévère. Le suivi pharmacologique comparant un traitement en 1 versus 2 prises par jour, pour être valable, doit amener les investigateurs à choisir des patients ayant des habitudes et un état de santé ne nécessitant pas la prise d’autre médicaments, permettant alors une interprétation rigoureuse des dosages plasmatiques des antirétroviraux, à l’abri d’interactions néfastes. C’est donc à l’investigateur de décider si le patient est approprié ou non à l’étude.
quels sont les traitements proposés ?
– Lopinavir/ritonavir (Kaletra®), inhibiteur de la protéase du VIH, sous forme de capsules molles qui, suivant la randomisation, sera : soit 800 mg de lopinavir / 200 mg de ritonavir 1 fois par jour, soit 400 mg de lopinavir / 100 mg de ritonavir 2 fois par jour.
– Ténofovir disoproxil fumarate (Viréad®), analogue nucléotidique inhibiteur de la transcriptase inverse, en gélule de 300 mg.
– Emtricitabine (Coviracil®), analogue nucléosidique inhibiteur de la transcriptase inverse, en capsule de 200 mg.
quels sont les critères d’évaluation ?
Le principal critère de jugement est la proportion de patients dont la charge virale est inférieure à 50 copies/ml à la semaine 48.
Les critères de jugement secondaires sont multiples : délai de perte de la réponse virologique au cours des 48 semaines, proportion de patients ayant une baisse de la charge virale de 50 copies/ml lors de chaque visite, variation de la charge virale et du taux de CD4 à chaque visite.
comment se déroule l’essai ?
Une visite de pré-sélection aura lieu 35 jours avant le début du traitement, un bilan biologique complet sera réalisé à cette occasion. Une semaine avant le début du traitement et jusqu’à la veille de la visite initiale, les participants recevront un flacon de placebo équipé d’un bouchon MEMS (système qui permet d’enregistrer la date et l’heure d’ouverture du flacon). Cette phase préliminaire est nécessaire afin que le patient s’habitue à utiliser ce type de flacon. Les patients seront randomisés en deux groupes : 120 patients dans le groupe ayant une seule prise, 80 dans l’autre groupe.
7 visites de suivi sont prévues. A chacune de ces visites sera effectué un examen physique, des analyses biologiques, l’analyse des données issues du système MEMS, la détermination de l’activité antivirale et immunologique, et à S4, S8, S16, S24 et S48, un prélèvement sanguin sera effectué.
qui contacter ?
– investigateur principal : Pr Jean Michel Molina, Hôpital St Louis 75010 Paris, 01 42 49 90 66
– la ligne d’information d’act up-paris sur les essais cliniques : les mercredi, jeudi et vendredi de 14h00 a 18h00, 01 49 29 44 82