Etude pilote d’interruption de traitement antirétroviral avec ou sans administration d’interleukine 2. Elle a lieu à l’initiative du Medical Research Council britannique.
à qui s’adresse cet essai ?
À 90 personnes séropositives au VIH-1 ayant un traitement antirétroviral efficace, des CD4 supérieurs à 300/mm3, mais dont le taux n’a jamais été inférieur à 100/mm3 depuis le début leur infection et de plus une charge virale indétectable.
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Cet essai permettra d’évaluer dans quelle mesure l’administration d’IL2, cytokine régulatrice du système immunitaire, capable d’induire la prolifération des CD4, ceci avant l’arrêt du traitement, permet de prolonger la durée de l’interruption thérapeutique. Pour une fois, ce protocole semble répondre au plus près à la demande des malades : ingérer le moins possible de molécules toxiques en réduisant posologie et durée des traitements, et diminuer ainsi leurs effets indésirables, améliorer la qualité de vie, sans prendre le risque de voir la maladie se développer à nouveau.
Précisons toutefois que si l’administration d’IL2 avant et pendant l’interruption de traitement se révèle une stratégie intéressante pour maintenir plus longtemps le taux de CD4 au-dessus du seuil critique (200/mm3) et au delà duquel la reprise du traitement est inévitable, il ne faut pas négliger l’impact des effets indésirables d’un tel traitement qui pourrait rendre les participants à l’étude incapable de travailler pendant la durée des cures. À ce sujet la notice d’information aux participants est parfaitement explicite.
La durée de l’étude, de 2 ans, est peu clairement mise en évidence dans le protocole. Cela est d’autant plus regrettable que le rythme des rendez-vous de suivi s’il est justifié pour le bon déroulement de l’étude et la sécurité des malades, n’en sera pas moins contraignant pour leur vie quotidienne.
Pour s’assurer de la bonne observance des malades, les promoteurs de l’essai imposent un décomptage des traitements avant chaque nouvelle prescription. Cette façon de procéder infantilise et déresponsabilise le malade et risque d’instaurer un climat de suspicion peu propice au bon déroulement de l’essai.
quel est l’objectif de cet essai ?
L’objectif principal est d’acquérir l’expérience des interruptions thérapeutiques chez des personnes dont l’infection à VIH est bien contrôlée. Les objectifs secondaires sont d’évaluer, après l’interruption de traitement, avec ou sans l’administration d’IL2 : la capacité de maintenir le taux de CD4 supérieur à 200 /mm3 ; la durée sans thérapie qui peut être atteinte sans mettre en cause la sécurité des malades ; la possibilité de recontrôler la charge virale après la reprise du traitement.
En outre, cette étude a également pour but d’évaluer la stratégie d’interruption de traitement après l’administration d’IL2, puis l’utilisation de l’IL2 seule pour aider au maintien du taux de CD4 au-dessus du seuil critique (200/mm3).
quels sont les critères pour y entrer ?
Etre sous traitement antirétroviral, avoir une charge virale indétectable (inférieure 50 copies/ml) depuis au moins trois mois, avoir un taux de CD4 supérieur ou égal à 300/mm3, n’avoir jamais eu un taux de CD4 inférieur à 100/mm3 depuis le début de l’infection à VIH, ne pas avoir de complication due au traitement et ne pas prendre de stimulants de l’immunité tels que l’hydroxyurée, l’interféron, etc.
quels sont les traitements proposés ?
A part les interruptions et les cures d’IL2, les antirétroviraux prescrits ne seront pas modifiés. Pour les patients des groupes II et III, les antirétroviraux devront être repris si le taux de CD4 tombe en-dessous de 200/mm3. De nouvelles interruptions de traitement seront envisagées si la charge virale redevient indétectable et si le taux de CD4 remonte au-dessus de 300/mm3 pendant au moins trois mois.
L’IL-2 est prescrite sous forme de cures de 2 injections par jour, pendant 5 jours consécutifs. Ces cures peuvent s’accompagner d’effets indésirables, le plus répandu étant un état pseudo-grippal. Des traitements pouvant minimiser ces effets pourront être prescrits. Au cours de l’interruption de traitement, l’administration de nouvelles cures d’IL2 se fera si le patient ou le médecin le trouve justifié.
quels sont les critères d’évaluation ?
Les critères suivants seront comparés entre les trois groupes de l’étude : la baisse du taux de CD4 ; tout nouvel événement classant le patient en stade sida ou son décès ; l’échec virologique de la thérapie, à tout moment pendant la durée de l’étude, puis à deux ans ; les variations dans la manifestation des effets secondaires (taux de cholestérol, modification du degré de sévérité des lipodystrophies, survenue d’effets indésirables sévères) et la qualité de vie.
comment se déroule l’essai ?
Les 90 participants seront répartis par tirage au sort en trois groupes de 30 qui suivront l’une des trois stratégies suivantes.
– Groupe I : poursuite du traitement antirétroviral.
– Groupe II : interruption du traitement antirétroviral après les neuf premières semaines suivant l’entrée dans l’étude.
– Groupe III : interruption du traitement antirétroviral après les neuf premières semaines suivant l’entrée dans l’étude durant lesquelles seront administré deux cures d’IL2.
La participation et le suivi de l’essai durent deux ans. Pendant les 5 premiers mois, les examens et les rendez-vous se suivront à rythme soutenu : 9 pour les deux groupes II et III contre 7 pour le groupe I. Ensuite les rendez-vous s’échelonneront tous les trois mois jusqu’à la fin de l’essai. En outre, après la reprise du traitement, quelle qu’en soit la raison, toute nouvelle interruption déclenchera un calendrier de rendez-vous similaire à celui des 5 premiers mois de l’étude.
qui contacter ?
– coordinateur clinique de l’essai : PR Christine Katlama, Hôpital Pitié Salpétrière 75013 Paris, 01 42 16 01 30
– la ligne d’information d’act up-paris sur les essais cliniques : les mercredi, jeudi et vendredi de 14h00 a 18h00, 01 49 29 44 82