Lors de la Conférence Interministérielle de Doha, les Etats membres de l’OMC se sont engagés à résoudre avant fin 2002 le problème de l’exportation de génériques à partir de pays producteurs vers des pays qui n’en fabriquent pas. Du 25 au 27 novembre 2002, au cours du dernier Conseil de TRIPS de l’année, la position adoptée par Pascal Lamy sera décisive.
Plus de 40 millions de personnes atteintes par le sida n’ont pas accès aux traitements. 40 000 personnes meurent chaque jour de maladies infectieuses. Or, la grande majorité des pays les plus touchés par ces maladies ne sont pas en mesure de produire eux-mêmes les traitements nécessaires. Chaque pays doit pouvoir accéder aux médicaments, principes actifs, tests de dépistage, etc., dont sa population a besoin aussi rapidement et simplement que s’il était en mesure de les produire lui-même. C’est pourquoi les États membres de l’OMC doivent permettre au plus vite, aux uns de produire, vendre et exporter des génériques, aux autres de les importer en quantités nécessaires et dans les meilleurs délais. Pourtant, un certain nombre de pays riches tente d’imposer aux pays en développement un consensus qui, dans les faits, ne facilitera en rien l’accès aux génériques. Ainsi cherchent-ils à réduire le champ d’application de l’accord à certaines pathologies, reniant ainsi l’engagement pris à Doha de défendre les enjeux de santé publique dans leur ensemble face aux intérêts commerciaux.De même, ces pays tentent de limiter les types de produits concernés, les pays qui pourraient bénéficier de l’accord ou encore ceux qui seraient autorisés à exporter. Au cœur de ces tractations, pour se débarrasser d’un problème qui embarrasse les pays du Nord dans les négociations internationales, Pascal Lamy reste plus sensible à la nécessité d’arracher un consensus qu’au besoin de mettre en place une solution réellement utilisable et sans limitation. Au nom de l’obtention d’un consensus avec les Etats-Unis, il est prêt à brader la vie de millions de personnes, malades du sida, du cancer, personnes infectées par l’hépatite C ou toute autre pathologie.