Depuis cet été, nous sommes informés d’exactions policières régulièrement commises à Paris à l’encontre des prostituéEs (aspersion au gaz lacrymogène, confiscation de préservatifs et de traitements, refus d’enregistrer les plaintes pour viol, etc.).
Nous en avons informé la Mairie de Paris, tout d’abord en remettant publiquement une lettre ouverte inventoriant ces faits de répression à Anne Hidalgo, première adjointe au maire et dirigeant un comité de pilotage sur les prostitutions.
Il aura fallu une deuxième interpellation, à l’issue de laquelle nous avons été insultéEs et frappéEs, et un rendez-vous avec Anne Hidalgo pris à sa demande, pour avoir confirmation qu’une enquête avait été demandée il y a deux mois à l’Inspection Générale des Services.
Aujourd’hui, Act Up-Paris adresse une lettre au Maire de Paris, Bertrand Delanoë, pour le mettre en garde contre les conclusions d’un comité de pilotage mené à partir d’une position abolitionniste de principe, qui amalgame prostitution et trafic d’êtres humains. Il a fallu, de plus, six mois et la pression d’élus locaux pour qu’une prostituéE indépendante soit reçue dans ce comité. Il est étonnant que la Mairie de Paris s’engage dans ces problèmes d’ampleur internationale, alors qu’elle est incompétente à traiter des violences policières relevant de tel ou tel commissariat parisien.
L’orientation du comité de pilotage est par ailleurs alarmante en matière de santé publique. Si la situation concrète actuelle des prostituéEs est occultée, aucune politique de prévention cohérente et efficace ne peut être menée dans leur direction. D’autre part, les mesures de pénalisation du client promettent d’avoir des conséquences sanitaires dramatiques, en termes de contaminations, de fragilisation des prostituéEs dans la négociation du préservatif et d’inaccessibilité aux actions sanitaires et sociales.
Act Up-Paris exige de la Mairie de Paris:
– qu’elle condamne fermement ces exactions policières et s’engage à lutter contre ;
– qu’elle communique sur les conclusions de l’enquête menée par l’Inspection Générale des Services de la police ;
– que le comité de pilotage serve réellement de cellule de médiation entre prostituéEs, représentants de la Mairie de Paris et services de police ;
– qu’un inventaire soit fait des discriminations des prostituéEs, du point de vue de leurs droits et de la répression policière ;
– que les enjeux de santé publique soient pris en compte dans les mesures relatives à la prostitution ;
– que l’ensemble des personnes impliquées dans le champ des prostitutions soient consultées à partie égale, et en premier lieu les prostituéEs elles-mêmes.