Jacques Chirac souhaite une bonne année aux trois millions de personnes qui vont mourir du sida en 2003.
Du 1er au 3 juin 2003, le G8 aura lieu en France, à Evian, sous la présidence de Jacques Chirac. Dans la perspective de sa préparation, la présidence française a organisé une première réunion de concertation avec des représentants de la société civile, le jeudi 19 décembre à l’Elysée. Elle avait pour but de nous présenter les thèmes que Jacques Chirac souhaite aborder lors du sommet de juin. Cette réunion marque le premier retour en arrière significatif du Président Chirac.
Alors que l’Elysée avait largement communiqué sur l’inscription du sida parmi les thèmes majeurs à l’agenda du G8, en réalité, rien ne sera fait par la France pour atteindre cet objectif. Au registre de la «solidarité» figurent la conversion de la dette des pays les plus pauvres et des pays à revenus intermédiaires, l’accès à l’eau, l’accès des pays pauvres aux médicaments et la lutte contre le sida. Si en matière d’accès à l’eau ou de conversion de la dette, les objectifs de la France sont relativement définis, en matière de lutte contre le sida, le flou est total. Les ambitions de l’Elysée d’obtenir des états du G8, des engagements concrets semblent tomber aux oubliettes.
À nos questions concernant le rôle moteur que la France est sensée jouer au G8 à propos de la contribution financière des pays riches à la lutte contre le sida et l’accès aux médicaments dans les pays en développement, l’Elysée n’a aucune réponse, ni sur le principe, ni sur un montant. Jacques Chirac renvoie tranquillement la question à une «conférence de donateurs» laquelle serait organisée pendant la Conférence de l’International Aids Society, qui aura lieu du 13 au 19 juillet à Paris. Bref, la France botte en touche.
Contrairement à ce que prétend aujourd’hui l’Elysée, le G8 doit être un moment politique décisif dans la lutte contre l’épidémie de sida, à l’échelle internationale. Il y a deux ans, lors du sommet du G8 à Gênes, les pays riches se sont engagés à contribuer au Fonds mondial à hauteur des besoins, c’est à dire 10 milliards de dollars par an. Cet engagement n’a pas été respecté. Aujourd’hui, après deux ans, la totalité des promesses de contributions ne s’élève qu’à 2 milliards de dollars, tandis que seuls 500 millions ont été versés au Fonds.
La France s’est, à de multiples reprises, élevée contre l’injustice et l’absurdité que représente la disparité d’accès aux traitements entre pays du Nord et du Sud. Lors du 1er décembre dernier, Jacques Chirac, une fois de plus, communiquait sur ce sujet et se présentait comme le défenseur des droits universels. Pourtant à peine quelques semaines plus tard, l’Elysée voudrait réduire à néant, et ses ambitions, et l’opportunité que représente cette réunion du G8 en France, pour faire évoluer de façon déterminante la lutte contre l’épidémie de sida dans le monde.
Dix mille personnes meurent chaque jour. Cette réalité s’explique principalement par le refus des Etats à prendre leur responsabilité et contribuer financièrement de façon adéquate aux besoins.
Nous n’accepterons pas que la France sabote le sommet d’Evian. Son devoir est de contribuer à hauteur de 1 milliard d’euros par an à la lutte contre le sida dans le monde et de peser de tout son poids pour que l’ensemble des membres du G8 s’aligne sur ce type de contribution.