Du nouveau pour les séropositifs : la Sécurité Sociale remboursera bientôt l’ostéodensitométrie.
En janvier 2000 une enquête menée par les militants d’Act Up auprès des principaux hôpitaux de Paris avait révélé qu’il fallait ajouter deux maladie des os, l’ostéoporose (atrophie du tissu osseux favorisant l’incidence de fracture spontanée) et l’ostéonécrose (nécrose des tissus osseux), aux déjà nombreux effets indésirables associés à l’infection à VIH, trouble du métabolisme des graisses, toxicité mitochondriale, neuropathies périphériques, etc.
À la suite de notre interpellation, la DGS s’était engagée à étendre cette enquête aux Centres Régionaux de Pharmaco-Vigilance et à faire inclure l’ostéoporose et l’ostéonécrose dans les thèmes de travail de l’ANRS. Depuis, lors des études, tant en France qu’à l’étranger, ont montré que nos inquiétudes étaient fondées. La prévalence de l’ostéoporose est de 2% à 10% chez les séropositifs alors qu’elle n’est que de 0% à 2% dans la population générale. En outre, l’incidence de l’ostéonécrose est augmentée de 45 fois chez les personnes infectées par le VIH par rapport à l’incidence attendue.
Deux ans après notre alerte, l’édition 2002 du rapport Delfraissy (qui regroupe les recommandations officielles du ministère de la Santé sur la Prise en charge des personnes infectées par le VIH) recommande enfin un dépistage ciblé de l’ostéoporose par ostéodensitométrie chez les patients séropositifs.
Or, cet examen radiologique n’était pas jusqu’alors remboursé par la Sécurité Sociale. Au début du mois d’août dernier, soit à peine quinze jours après la sortie du rapport, nous avons demandé à Lucien Abenhaïm, directeur de la DGS, de prendre acte des recommandations médicales de son ministère en faisant inscrire l’ostéodensitométrie pour les personnes séropositives dans la Nomenclature Générale des Actes Professionnels, c’est-à-dire permettre son remboursement par la Sécurité Sociale.
Décision définitive
Dans une lettre du 5 décembre dernier, Bernard Basset, sous directeur de la DGS, nous informait que cette indication médicale avait été acceptée. En principe le ministre de la Santé Jean-François Mattéi devrait signer la décision définitive de remboursement avant la fin du mois, le dossier étant jugé prioritaire, nous a indiqué la direction de la Sécurité Sociale au ministère de la Santé.
Ce jour-là, même si nous avons tout lieu d’être satisfaits par cette décision qui répond à nos demandes répétées, le système de remboursement de la Sécurité Sociale ternira cette impression. Nous ne pouvons que nous réjouir de voir les soins et examens liés à la prise en charge du VIH être remboursés à 100% (que ce soit les effets indésirables de l’infection dans le temps, ou liés aux traitements). Mais pour modérer notre satisfaction, notons que comme pour d’autres actes médicaux ou examens, la base tarifaire de 43,90 c prévue par la Sécurité Sociale est fort éloignée des prix pratiqués dans la plupart des instituts de radiologie privés qui facturent les ostéodensitométries entre 75 et 100 s.
Cependant, les services de radiologie des hôpitaux qui ne peuvent facturer les actes à un coût supérieur à la cotation de la Sécurité Sociale, permettront par conséquent à tous ceux qui en ont besoin, de réaliser l’examen. Or, d’ores et déjà surchargés, il y a fort à parier qu’un long délai d’attente s’exercera entre la prescription de l’examen et sa réalisation. Restons vigilants.