Quel doit être un discours de prévention en direction des lesbiennes ? De quels outils parler ? Doit-on prendre en compte plus globalement les autres IST ?
En préparant ce dossier, la commission prévention est revenue sur le discours, que nous tenons depuis des années, en direction des lesbiennes. Nous avions le sentiment qu’il devait évoluer. Et c’est pour cela que nous avons invité des associations lesbiennes à débattre avec nous lors d’une de nos Réunions Hebdomadaires.
Ce qui est ressorti de ce débat, c’est que nous devons d’abord lutter contre les discours de victimisation, pour nous concentrer sur la prévention. Ensuite il nous semble plus pertinent d’aborder la question du VIH chez les lesbiennes au travers de la prévention des IST dans leur ensemble. Les lesbiennes et les bisexuelles prendraient plus de risque en matière de comportements sexuels que les pédés. Principales raisons à cela, une moindre information sur les pratiques dangereuses et un moindre suivi gynécologique, puisque souvent celui-ci est associé à un suivi contraceptif. De nombreuses lesbiennes ont des pratiques à risque sans avoir conscience des dangers d’infection, par le virus du sida mais aussi par d’autres maladies sexuellement transmissibles.
Prendre conscience
Au-delà de la faiblesse des données épidémiologiques, l’enjeu pour les lesbiennes est de prendre conscience d’un risque individuel en matière de santé. Personne ne peut affirmer à 100% qu’il n’existe aucun risque de transmission du VIH lors de rapports sexuels de femme à femme. Or en l’absence de certitude, il reste nécessaire de se protéger.
Lors de rapports sexuels buccaux tels que le cunnilingus ou l’anulingus, les risques sont faibles mais tendent à devenir plus importants en période de règles ou s’il existe des lésions dans la bouche d’une des deux partenaires. L’échange de godemichés est également une pratique à risque de contamination.
L’ensemble de ces pratiques, si elles sont non protégées, peuvent transmettre, de manière beaucoup plus fréquentes, et certaine, d’autres IST, type chlamydia, herpès, gonorrhée etc., sans oublier les hépatites. Il ne s’agit surtout pas de faire émerger une visibilité lesbienne à partir d’une problématique sida. Une prévention en direction des lesbiennes passe nécessairement par le fait de nommer les pratiques, de les expliquer, et pour chacune d’elles de mettre en avant les outils de prévention adaptés.
Au-delà de la fameuse digue dentaire, à accompagner d’un discours d’explication pour faire d’une pratique safe un acte réellement simple, ne négligeons pas une panoplie d’outils adaptés aux pratiques lesbiennes pour prévenir et éviter les risques d’IST : la découpe d’un préservatif dans le sens de la longueur peut être un remplaçant simple d’une digue souvent introuvable, l’utilisation de film alimentaire (attention à ne pas utiliser celui destiné à la cuisson au micro-onde, trop poreux), de gants en latex, à superposer et à retirer un à un au fur et à mesure des doigtés ou fists ; ou l’utilisation de préservatifs neufs sur un godemiché avant chaque changement de partenaire.
Des initiatives de prévention lesbiennes existent, mais elles sont encore trop peu nombreuses. C’est pour cette raison que nous travaillons actuellement sur un projet de brochure prévention santé lesbiennes. Affaire à suivre, donc.