Aujourd’hui, une vingtaine de militants d’Act Up-Paris ont interrompu les travaux de l’Académie nationale de médecine, jeté des cendres funéraires dans le grand amphithéâtre et recouvert de faux sang la façade du bâtiment. Ils entendaient dénoncer les positions de l’Académie de médecine en faveur du dépistage obligatoire du VIH pour les personnes suspectées de viol.
L’Académie nationale de médecine, notamment le professeur Henrion, a encouragé une mesure législative prévoyant le dépistage obligatoire du VIH sur les personnes suspectées de viol. Cette disposition a été adoptée par l’Assemblée nationale dans le cadre de la LSI, défendue par Alain Marsaud relayé par Nicolas Sarkozy. En cas de test négatif, selon les promoteurs du texte, les victimes pourraient ainsi arrêter leur traitement antirétroviral d’urgence qui permet d’éviter une contamination.
Une connaissance élémentaire du VIH, des tests sérologiques et des conditions pratiques du traitement prophylactique d’urgence suffit à démontrer l’inutilité et la dangerosité d’une telle mesure.
– en raison d’une fenêtre de séroconversion de 15 jours au moins, un test négatif ne permet aucunement de garantir l’absence d’infection chez l’auteur présumé du viol, et a fortiori, l’absence d’une éventuelle contamination de la victime par le VIH. Arrêter le traitement d’urgence reviendrait à prendre le risque d’une contamination effective de la victime. Est-ce là ce que souhaitent les parlementaires ?
– la remise en cause du consentement libre et éclairé au dépistage est » contraire à tous les principes éthiques et de droits internationaux et à toutes les règles de déontologie médicale « , comme l’a rappelé le Conseil national du sida en décembre 2002. La transgression de ces principes éthiques est la porte ouverte au délit d’empoisonnement par le VIH. En d’autres termes, la séropositivité pourrait devenir une circonstance aggravante lors d’un procès pour viol. Cette logique absurde permettrait d’accorder des circonstances atténuantes à un violeur qui prendrait le soin de mettre un préservatif. Est-ce là ce que souhaitent les parlementaires ?
– pour le professeur Henrion, » il serait logique qu’un violeur conscient de sa séropositivité soit sanctionné par des peines plus lourdes » (Le Monde, 19/01/03). En toute logique, un violeur inconscient de son statut sérologique n’encourrait pas un alourdissement de sa peine. Dans cette situation, il vaut mieux ne rien faire pour connaître son statut sérologique. À quoi bon alors promouvoir le dépistage anonyme et gratuit, comme l’a fait le ministère de la santé en décembre 2002 ?
Act Up-Paris exige :
– l’abrogation de cet amendement à la loi sur la sécurité intérieure ;
– la démission du professeur Henrion de l’Académie de médecine ;
– l’intervention de M. Mattéi, ministre absent de la santé, pour rappeler à ceux qui l’ignorent la réalité du VIH.
Contact presse : Alain Bessaha