Depuis 1997, Jacques Chirac n’a jamais manqué une occasion de souligner l’importance d’une mobilisation financière pour enrayer l’épidémie au niveau international. Au sommet du G8 à Evian, il doit passer des paroles aux actes. Il serait temps.
Le 20 mars 2003, Alain Le Roy, négociateur de Jacques Chirac pour les questions de santé au G8, recevait les associations françaises dans le cadre de «l’association de la société civile à la préparation du Sommet d’Evian», annoncée par le Président de la République le 7 janvier dernier. Le sida et la solidarité des pays du G8 avec les pays en développement, en particulier l’Afrique, font, selon Jacques Chirac, partie de ses priorités pour le Sommet d’Évian. Depuis son Appel d’Abidjan en 1997, le Président français n’a de cesse de marteler la nécessité d’une mobilisation financière internationale d’ampleur pour lutter contre l’épidémie et permettre l’accès aux traitements dans toutes les régions du monde. Il déclare aujourd’hui que le sommet d’Evian doit assurer la «pérennisation du Fonds mondial» lancé, il y a près de deux ans à Gênes, par les pays du G8. Pourtant, jusqu’à présent, la France elle-même n’a pas respecté les engagements pris en 2001, et sa mobilisation financière reste dérisoire (50 millions d’euros) face aux besoins (10 milliards d’euros par an selon les experts) et aux objectifs que le Président de la République affiche. Face à ces contradictions, et alors que George W. Bush annonçait, il y a quelques semaines, un effort américain pour lutter contre le sida de 3 milliards de dollars annuels dès 2004 (contre 200 millions en 2002 versés dans le Fonds Mondial), le négociateur de Jacques Chirac au G8 s’est encore montré incapable du moindre engagement concret. Le 20 février dernier, lors de l’Autre Sommet pour l’Afrique, diverses associations engagées contre le sida, pour la santé, le développement et la solidarité internationale, interpellaient publiquement Jacques Chirac sur les aberrations de sa position en matière de solidarité internationale face au sida. Nous sommes actuellement à un tournant de l’épidémie, et la France peut jouer un rôle primordial. D’un côté, la crise en Afrique, suivant des projections connues de longue date, a des conséquences humaines et économiques dévastatrices. Dans le même temps, dans des pays comme la Chine, l’Inde ou la Russie, l’épidémie entre dans sa phase de propagation exponentielle, menaçant d’entraîner l’Asie vers la même catastrophe que celle qui se déroule en Afrique. Mais d’un autre côté, les moyens de lutter contre l’épidémie sont désormais bien identifiés et ont été validés suite à leur mise en place à une échelle restreinte dans différents pays. Seules les ressources nécessaires manquent aujourd’hui pour mettre un terme à la propagation du sida et à l’hécatombe responsable de la mort de 10 000 personnes chaque jour. C’est pourquoi Jacques Chirac doit enfin passer des discours aux actes, et décupler la contribution de la France à la lutte mondiale contre le sida. Pour imposer aux États du G8 le respect des engagements pris en 2001, il doit montrer l’exemple. Présidant le Sommet d’Évian en juin, il peut aujourd’hui inverser la tendance.