En 1998, avec la nomination de Nicole Maestracci à la présidence de la MILDT, la reconnaissance des politiques de réduction des risques a permis de grands espoirs quant à l’évolution de l’accès aux soins des usagers de drogues. Aujourd’hui, nous constatons avec le retour de la droite, un désir manifeste de tout faire pour rendre la vie impossible aux usagers, quitte à les rendre malades à force de détruire, un à un, tous les avantages sociaux innovants qui avaient été mis en place par les gouvernements précédents.
Concernant les aides sociales de prise en charge médicale (CMU, AME), les débats à propos de la loi de finances rectificative pour 2002 ont rapidement servi de prétexte, depuis mars, à de nombreux pharmaciens de ville, en Ile-de-France, pour refuser d’honorer des prescriptions de traitement de substitution, arguant qu’ils n’étaient pas sûrs de pouvoir être remboursés rapidement. Au dernier moment, de nombreux usagers de drogues se sont alors rabattus vers des centres de prise en charge spécialisés ou des hôpitaux pouvant assurer cette prescription. Pendant combien de temps ces centres vont-ils pouvoir assurer le défaitisme des pharmaciens de ville ? Car il s’agit là d’usagers autonomes, ne nécessitant pas a priori de suivi en centre. Depuis la rentrée de septembre, nous avons vu réapparaître, de manière courante, des pratiques qu’on croyait révolues, comme par exemple les voitures de police stationnant aux abords des distributeurs – échangeurs de seringues, espérant pouvoir facilement arrondir leurs statistiques de fin de mois qu’exige, de manière primaire, leur ministre de tutelle. Les arrestations arbitraires ont donc repris. Se servant d’un a priori que, pourtant, une circulaire de juin 1999 conseille d’éviter, la police a déjà arrêté plusieurs personnes sur le seul motif qu’elles avaient sur elles une seringue. Et non contents d’interpeller ces personnes, ils détruisent le matériel de prévention, l’abandonnant sur la voie publique. Ainsi, depuis mai 2002, le renforcement des effectifs répressifs a obligé les usagers à changer de quartier. Aujourd’hui de nouvelles « scènes » d’usage de drogues s’installent, par force, dans des quartiers ne bénéficiant d’aucun distributeur – échangeur de seringues sur la voie publique. Par ailleurs, les budgets d’État fléchés sur le poste sida-toxicomanie ont déjà fait l’objet, comme à l’approche de chaque élection présidentielle, d’un premier gel républicain, de mai à novembre 2002, fragilisant au passage un certain nombre de petites structures. Prétendant prévenir une récession économique due à la guerre en Irak, la DGS et la DDASS devraient annoncer un deuxième gel républicain à compter du 1er avril. Il s’agit désormais clairement d’une stratégie d’étranglement visant à faire fermer ces structures de réduction des risques, situées en première ligne.