1. Parce que les chiffres publiés par le Conseil de Sécurité de l’ONU en janvier 2000 se réalisent sous nos yeux.
En Afrique sub-saharienne, de plus en plus de pays connaissent une déstabilisation profonde de l’Etat due à
l’hécatombe des forces vives du pays. En Asie, des pays comme la Chine, l’Inde ou la Russie entrent cette année dans la phase de propagation exponentielle de l’épidémie qui mène potentiellement à la même catastrophe que vit en ce moment l’Afrique.
2. Parce que les pays du G8 portent une importante responsabilité politique vis-à-vis de la crise du sida dans le monde en développement.
En effet, l’épidémie n’aurait jamais atteint une telle ampleur dans les pays pauvres si les pays riches avaient laissé ces derniers investir dans la santé, comme cela a été possible au Nord. Depuis 25 ans, la plupart des pays pauvres sont obligés de consacrer davantage d’argent à rembourser les prêts usuraires des pays riches qu’à l’éducation ou à la santé de leur population, et cette situation se perpétue encore aujourd’hui. L’autre grand facteur de propagation de l’épidémie, les guerres et les déplacements de réfugiés, est aussi en grande partie attribuable à la volonté des pays du G8 de contrôler les ressources ou de combattre certains régimes communistes.
3. Parce que les pays du G8 connaissent les moyens de juguler l’épidémie.
La prise en charge médicale des personnes malades, notamment sur la base des traitements antirétroviraux, alliée à la promotion d’outils de prévention des contaminations et des infections opportunistes, ont été reconnus comme des moyens efficaces de lutter contre l’épidémie par les plus hautes instances médicales (Conférence mondiale sur le sida, Barcelone, juillet 2002) et politiques (Assemblée spéciale des Nations Unies sur le sida, New York, juin 2001). Dans de nombreux pays en développement, des initiatives reposant sur cette articulation de la prévention et des traitements se sont développées avec succès, mais elles restent locales et restreintes, faute de moyens financiers.
4. Parce que depuis près de deux ans, le Fonds mondial existe.
Afin de faire face à ce problème d’échelle et de manque de ressources pour les initiatives de lutte contre le sida dans les pays en développement, les pays du G8 se sont dotés, lors du Sommet de juillet 2001, d’un mécanisme spécifique de financement, le Fonds Mondial, inauguré en janvier 2002. Il a fallu attendre plus d’un an que cet outil soit opérationnel. Refuser aujourd’hui de l’alimenter est absurde et criminel.
5. Parce que les chiffres sont connus.
La communauté internationale reconnaissait en 2001 aux Nations Unies que le monde a besoin d’au moins 10 milliards d’euros par an pour pouvoir vaincre la pandémie de sida, et le Fonds Mondial a besoin de 1,6 milliard d’euros avant octobre pour assurer au minimum ses engagements envers les pays pauvres.
6. Parce que les pays du G8 concentrent 50% de la richesse mondiale.
Pour seulement 10% de la population, ces pays représentent un PNB cumulé de 20 000 milliards d’euros par an.
7. Parce que, lorsque la volonté politique est là, on peut trouver l’argent nécessaire, quelle que soit la somme.
Les suites du 11 septembre l’ont bien prouvé : les budgets «sécurité» ont atteint 200 milliards d’euros par an au niveau mondial.
8. Parce que la sournoiserie doit prendre fin.
Les gouvernements du G8 ne peuvent pas continuer à annoncer chaque année de nouvelles promesses remplacées par d’autres promesses l’année suivante, toutes vides et jamais suivies d’application.
9. Parce que le sida tue 10 000 personnes chaque jour.
A Evian, les pays du G8 doivent débloquer d’urgence les 10 milliards d’euros annuels nécessaires pour mener la guerre mondiale au sida et promis au sommet de 2001.