A Abidjan, les associations s’activent. L’enjeu est d’importance : l’accès aux antirétroviraux sous forme générique.
Depuis que le Fonds mondial a accepté la demande de subvention pour la mise sous traitement de 27 000 personnes dans les cinq prochaines années, on assiste en Côte d’Ivoire à un ballet des firmes pharmaceutiques. Objectif : que soit maintenue la préférence aux médicaments de spécialité. En réaction, le réseau ivoirien des personnes vivant avec le VIH (RIP+) a lancé une série d’actions pour faire plier le gouvernement et obtenir des génériques moins chers. Seules 2 500 personnes ont accès aux ARV dans le pays alors que 500 000 personnes en ont besoin. En lançant une pétition internationale, le RIP+ demande que le gouvernement ivorien s’engage sur l’achat de génériques, qu’il traite avant 2005 plus de 100 000 personnes et investisse 15% du budget national dans la lutte contre le sida. L’accès doit être décentralisé et le coût, à savoir soins, médicaments et examens, ne doit pas être un frein pour les malades. La pétition a déjà recueilli 6 000 signatures.Pression
D’autre part, le RIP+ s’est attaché à faire pression par une manifestation publique et un sit-in lors de «l’atelier sur le consensus national sur la possibilité d’utilisation d’antirétroviraux génériques» des 9 et 10 avril derniers. «Nous avons décidé de faire un sit-in silencieux car nous étions convaincu sque durant ces deux jours devait se décider le sort de milliers de personnes vivant avec le VIH. Il ne fallait pas déranger le travail mais veiller à ce que le consensus en train de se décider dans les salles soit un véritable consensus» indique un activiste du RIP+. Presse et télévision ont alors retransmis ces actions d’une forme nouvelle et inattendue dans le pays, auxquelles participaient plus d’une centaine de séropositifs des différentes associations. Mobilisés, ils portaient tee-shirts avec inscription «VIH positif» et des pancartes : «Le Mali, le Burkina, le Nigeria utilisent les génériques, pourquoi pas nous ?» ou encore «Génériques prends mon GBÔ» (expression branchée à Abidjan pour dire qu’on est ensemble, qu’on approuve quelque chose). Les activistes déterminés ont fait une haie au ministre de la Santé, chacun brandissant sa pancarte. Le ministre a alors pris le temps de lire chacun des slogans. De cet atelier, il a découlé quelques avancées mais aussi un énervement certain puisque, pour 2003, le gouvernement n’achèterait que 25% d’antirétroviraux génériques, au prétexte que la pharmacie publique s’est déjà engagée auprès des laboratoires de spécialités. Cette annonce a soulevé l’indignation générale des malades. Le RIP+ souhaite s’entretenir avec les différents ministères concernés (sida, finances, santé), notamment pour que les prochains appels d’offre publique soient exécutés dans la transparence, afin de comprendre pourquoi, depuis 2000, les génériqueurs répondant aux appels d’offre ne sont pas sélectionnés. Le RIP+ se fixe comme date butoir le 15 juin prochain, pour obtenir des réponses et la concrétisation des engagements du gouvernement et entend augmenter la pression si besoin.