Depuis deux ans, le groupe d’activistes de Treatment Action Campaign (TAC) se bat en Afrique du Sud pour notamment convaincre la ministre de la Santé d’intervenir en urgence. C’est dans ce cadre que l’association a lancé le 21 mars dernier sa campagne de désobéissance civile, «dying for treatment».
L’Afrique du Sud a ratifié en 1997 une loi nationale autorisant l’octroi de licence obligatoire et les importations parallèles de médicaments. Le 18 avril 2001, face à une très forte mobilisation de la société civile nationale et internationale, 39 compagnies pharmaceutiques abandonnaient leurs poursuites contre cette loi. La Treatment Action Campaign (TAC) fut au côté du gouvernement lors de ce procès. Pourtant, depuis cette victoire en justice, pratiquement aucun progrès n’a été fait pour améliorer l’accès aux traitements. Paradoxalement, le gouvernement est l’un des rares à soutenir les thèses négationnistes et refuse encore de s’engager pleinement dans la lutte contre l’épidémie et de mettre en place un plan national de prévention et d’accès aux antirétroviraux. Près de 5 millions de sud-africains sont infectés par le VIH et chaque jour, en Afrique du Sud, 600 personnes meurent du sida. Depuis deux ans, le groupe d’activistes de TAC se bat, utilisant toutes les voies possibles : des négociations, des manifestations, les médias, les tribunaux, la Commission des droits de la personne, le NEDLAC (National economic development labour and council) et d’autres moyens démocratiques, pour convaincre notamment la ministre de la Santé d’intervenir en urgence. Dans le cadre de sa campagne de désobéissance civile «dying for treatment», lancée le 21 mars, TAC a organisé une journée mondiale d’action contre Manto Tshabalala-Msimang, l’actuelle ministre de la Santé, et Alec Erwin, son homologue du Commerce. Le 24 avril, des activistes du monde entier (Japon, Pays-Bas, Etats-Unis, Italie, Kenya, Belgique, Canada, Finlande, Allemagne, Côte d’Ivoire, Venezuela, Jamaïque, Namibie, Nigeria, Sri Lanka, Tanzanie, Ouganda, etc.) ont manifesté devant les ambassades et consulats sud-africains, rencontrant les représentants sud-africains, tenant des conférences de presse, déposant des pétitions, s’allongeant pour représenter les morts du sida ou s’engageant dans d’autres formes d’actions (dépôt de 600 tulipes rouges au Pays Bas, de 600 crânes en papier au Japon, de 600 paires de chaussures à Milan, etc.). En France, les militants d’Act Up ont zappé l’ambassade d’Afrique du Sud-> à Paris après s’être vu notifier un refus d’entretien avec l’ambassadeur. Picketing, die-in, slogans («medication for every nation», «600 morts par jour, Manto en veut toujours», «Generics now», «Erwin criminel»), et pancartes («WANTED Manto Tshabalala-Msimang / Alec Erwin – AIDS WAR CRIMIMINAL») ont illustré cette action. Le 29 avril, TAC a décidé de suspendre sa campagne de désobéissance civile jusqu’à la réunion du 17 mai du Conseil national du sida sud africain (SANAC), offrant une nouvelle fois au gouvernement l’opportunité de mettre en œuvre une politique de lutte contre le sida. A tout moment, TAC peut décider de la reprise ou non de sa campagne et demande à tous de rester mobilisés pour des actions plus larges si le gouvernement poursuit sa politique criminelle. Depuis le lancement de la campagne de désobéissance civile, le 21 mars, Edward Mabunda, Kebareng Moeketsi, Charlene Wilson, Mxolifi Kohlakala, Mzokuhle Fanayi et trois autres militants de TAC (les familles ont souhaité garder l’anonymat) sont morts, faute d’accès aux traitements antirétroviraux. Le site internet de TAC www.tac.org.za et le site de Health Gap www.healthgap.org