Nous manifestons aujourd’hui notre solidarité avec touTEs les prostituéEs, trans, femmes ou hommes, françaisEs ou étrangèrEs. En nous mettant en situation de racolage nous faisons acte de désobéissance civile.
Les prostituéEs ont été désignéEs par le gouvernement Raffarin comme responsables de l’insécurité. La majorité actuelle a, par le biais de la loi pour la sécurité intérieure, fait du racolage un délit et précarisé un peu plus les prostituéEs étrangèrEs. La loi est déjà effective : à Bordeaux, une prostituéE a été condamnéE le 9 mai à deux mois de prison ferme. Hier, la Cour d’appel de Bordeaux a confirmé cette peine. Comme si la loi n’était pas déjà suffisamment discriminatoire, le procureur de la République de Paris, Yves Bot, recommande, en matière de procédure pénale, qu’on traite à Paris de façon différente les prostituéEs étrangèrEs sans papier, en leur faisant subir une comparution immédiate. De son côté, le Préfet de police de Paris Jean-Paul Proust a mis en place un «traitement administratif et social» des dossiers. Or aucun critère n’est avancé pour en justifier la disparité: certaines personnes ont été expulsées, d’autres sont sous le coup d’un Arrêté de Reconduite à la Frontière, alors que d’autres encore se sont vues délivrer une Autorisation Provisoire de Séjour. Cette loi, et la façon dont Yves Bot et Jean-Paul Proust veulent l’appliquer, n’auront qu’un effet : contraindre celles et ceux qui se prostituent dans la rue à travailler dans des conditions toujours plus clandestines. Les conséquences ? Un accès encore plus restreint aux actions de prévention, une négociation plus difficile pour avoir des rapports safe, une vulnérabilité accrue aux violences éventuelles des clients, des proxénètes et des forces de l’ordre. Nous, associations de santé communautaire avec les prostituéEs, d’aide aux prostituéEs, de lutte contre le sida, de défense des droits des étrangers, féministes, gays lesbiennes et trans, de défense des libertés individuelles et de lutte contre la précarité, exigeons l’arrêt de toutes les mesures répressives à l’égard des prostituéEs et une aide immédiate aux victimes des trafics. Nous exigeons: – l’abrogation de la Loi 2003-239 pour la Sécurité Intérieure; – l’arrêt immédiat des expulsions, en particulier tenant au délit de racolage; – l’arrêt de la comparution immédiate pour les prostituéEs en situation irrégulière; – l’arrêt de la pénalisation du racolage: emprisonnement, expulsion et verbalisation; – la protection juridique et administrative des victimes de trafic humain, par une autorisation de séjour et un hébergement; – l’abandon des politiques migratoires restrictives, et la régularisation sans condition de touTEs les étrangèrEs en situation irrégulière.