Colette Chiland a mis de l’eau dans son vin, mais son discours est toujours aussi ringard et haineux.
Depuis son haineux Changer de sexe, et sans doute devant les réactions que son livre a suscitées dans la communauté gay, Colette Chiland a mis un peu d’eau dans son vin (de messe). Cet opuscule édité dans la collection ultra-classique «Que sais-je», ne reproduit pas les horreurs réacs contre le mariage homosexuel et les droits donnés aux transsexuels («une atteinte aux fondements de la civilisation») de ses ouvrages précédents. Prudence…
Mais la machine à produire de la discrimination et de l’exclusion qu’est Colette Chiland roule toujours, à peine est-elle plus huilée. Un peu de sirop compassionnel pour faire passer la pilule de la discrimination : «Certains se font l’avocat de l’acceptation des comportements de l’enfant (…). D’autres pensent d’autre part que l’enfant en souffre, et pas seulement en fonction de l’intolérance de l’environnement ; d’autre part que le transsexualisme est une condition si douloureuse qu’il vaudrait mieux tenter d’en éviter la survenue».
Colette Chiland récuse la demande élémentaire des trans d’être appelléEs par leur genre d’adoption : une personne vivant en femme est UNE transsexuELLE, pour quelqu’un vivant en homme il faut dire UN transsexuEL. Citation de Colette Chiland «Pour parler des transsexuels, les médecins ont dit les transsexuels pour les mâles, les transsexuelles pour les femelles. Mais les transsexuels protestent et font le choix contraire : les mâles parce qu’ils sont des femmes à leurs yeux, disent qu’ils sont des transsexuelles ; les femelles disent qu’elles sont des transsexuels. On ne peut plus utiliser l’opposition transsexuels-transsexuelles, car on ne sait plus qui veut dire quoi».
Jouissance sadique
Récurent dans son livre, l’usage hypocrite du «on», cache ici le fait que pour Madame Chiland et d’autres spécialistes ès trans c’est une jouissance sadique de s’adresser aux trans en fonction de leur genre biologique et non de leur genre social. De plus Colette Chiland ment en écrivant «les médecins ont dit» : elle sait très bien que Robert Stoller[[Robert Stoler (1924-1991) est l’auteur de L’expérience transsexuel (Gallimard) : ses théories sont certes un peu dépassées, mais son esprit de tolérance et son non-conformisme dans les USA du mac-carthysme sont toujours à saluer.]], dès les années 50, préconisait que les médecins s’adressent aux trans et parlent d’eux et d’elles dans leur nouveau genre.
Ainsi Colette Chiland minimise le nombre de trans homosexuels (qui aiment des partenaires du même genre social) : «ils sont rares, ce sont le plus souvent des transvestis». D’où tient-elle sa statistique ? Quant à ses aperçus de l’homosexualité, ils sont dignes du curé-psy homophobe Tony Anatrella : «Ce n’est pas un refus de son sexe d’assignation qui conduit un sujet à être homosexuel. On pourrait par contre, dire que c’est un refus d’assumer complètement la différence sexuelle, avec toutes ses conséquences». Et histoire de relancer le vieux «c’est anti-naturel» elle écrit, au mépris de la zoologie contemporaine, «mais il n’existe pas chez l’animal d’homosexualité comparable à celle de l’homme, comme choix d’objet exclusif».
LeA malheureuxSE familierE des écrits de Colette C retrouvera ses vieux dadas sur les trans qui s’identifient aux stéréotypes les plus dépassés de la féminité ou de la masculinité. Partout dans le monde les associations de trans se battent pour le droit au travail, pour elle la trans type veut être artiste de cabaret ou femme au foyer ! En si peu de pages, on compte pas mal de remplissage (son aperçu du féminisme est à se tordre), et des bourdes énormes (l’institution des «hijras» d’Inde dateraient d’un millénaire, alors qu’elles sont attestées dans un livre fondateur de l’hindouisme la Bagavagita). Bien plus grave est son goût du vocabulaire discriminatoire, par exemple pour décrire une de ses pratiques : «j‘ai compris que je m’étais laissée piéger par son aspect déconcertant, effrayant, non pas parce qu’il aurait été une caricature de femme, un travelo sans talent : il n’était rien, ni homme ni femme ; il attirait l’attention en se présentant comme un repoussoir à la relation». Décidément les patients de Madame Chiland sont comme ses lecteurs, ils sont à plaindre !
En guise de conclusion, une affirmation péremptoire de la Brigitte Bardot de l’institution médicale : «Je continue de penser néanmoins que l’idée de changement de sexe est une idée folle». L’idée folle, pour la collection « Que sais-je », est d’avoir donner à rédiger un ouvrage sur le transsexualisme à une femme aussi ringarde et haineuse.