Du 18 au 21 septembre 2003, s’est déroulée à New York l’édition 2003 de la conférence Aids Vaccin. Elle permet de faire un bilan des recherches sur les études vaccinales contre le VIH. Hugues Fischer, vice-président d’Act Up-Paris s’est rendu sur place. Nous publions ici la première des trois chroniques qu’il nous a fait parvenir.
On sent bien dans la ferveur de cette conférence que tout le monde croit à une issue prochaine. Pourtant, ce n’est pas tant la multiplication des essais cliniques qui permet l’optimisme que les recherches fondamentales qui permettent progressivement de comprendre et d’expliquer ce qui coince depuis 20 ans dans la course infernale au vaccin.
A coté des sessions orales qui décortiquent dans les moindres détails la faisabilité des nouvelles pistes et qui montrent bien les difficultés de la tâche, la pléinière de ce matin a permis de comprendre deux choses, l’une scientifique, l’autre plus politique.
L’aspect scientifique, c’est le formidable essor de l’immunologie fondamentale qui l’apporte : l’importance des cellules dendritiques dans la transmission du VIH depuis l’entrée par les muqueuses jusqu’aux organes centraux du système immunitaire (ganglions, rate) n’est plus à démontrer. Au contraire, l’heure est à l’expérimentation pour mieux comprendre le rôle de ces cellules essentielles et pour trouver le moyen de s’en servir dans la course au vaccin.
L’aspect politique, c’est le célèbre directeur du NIAID, Antony Fauci, qui l’a apporté ce matin en exposant l’essor de la recherche américaine dans le domaine des vaccins. Soulignant que ce n’est pas moins de 10% du budget du NIH qui est consacré au sida (2,87 milliards de dollars) dont 456 millions de dollars planifiés pour la seule recherche vaccinale en 2004, Fauci a expliqué que ce domaine demande encore plus de moyens mais surtout de la cohérence entre tous les chercheurs au niveau mondial et il plaide pour la création d’une initiative mondiale sur le vaccin VIH. C’est ainsi qu’il présente le groupe international qui vient de se mettre en place (Science, 27 juin 2003) dont l’objectif est «d’accélérer le développement d’un vaccin au niveau mondial en établissant une alliance entre les entités indépendantes existantes unies par l’engagement moral de participer à l’exécution d’une stratégie mondiale».
Il expose ensuite l’initiative américaine, le PAVE (Partnership for Aids Vaccine Evaluation) qui regroupe les trois principales agences de recherche américaines sous la houlette du NIAID en partenariat avec d’autres programmes au niveau international, tels EUROVACC, SAAVI, AlphaVAC. L’objectif de ce montage est essentiellement dévolu à l’organisation des essais vaccinaux de phase III.
Plus tôt, hier, en avant première, le symposium sur les vaccins thérapeutiques a permis de confronter les données francaises récentes (VACCIL2, Y. Levy et al. et ANRS094, C. Katlama et al.) aux autres recherches dans ce domaine. Ce symposium fut aussi une occasion de transversalité avec l’exposé de Nina Bhardwaj sur les recherches de vaccin thérapeutique sur le cancer. Le parallèle peut sembler surprenant, il est loin de l’être. Ces deux domaines se heurtent aux mêmes difficultés pour obtenir une stimulation efficace et durable de l’immunité cellulaire. Bien que le cancer ne se heurte pas à la question de la variabilité du virus, il y a plus d’un point commun dans ces recherches, ne serait-ce que pour améliorer nos connaissances générales sur la stimulation immunitaire par les techniques vaccinales.
La conférence ne fait que débuter. Il y a encore tant a découvrir. Alors à bientôt.