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Dans la famille des «spécialistes» de la question trans, voici Pierre-Henri Castel et son essai «La métamorphose impensable». Moins violent que Colette Chiland, mais plein de mépris. Critique.

Le livre de Pierre-Henri Castel – sommité clinicienne – est peut-être moins violent que les tirades homophobes et transophobes d’une Colette Chiland. Mais, à lire son pavé, on peut se demander s’il considère les objets de son étude comme des êtres humains à part entière.

Ce qui transparaît d’emblée, c’est le mépris du discours de Pierre-Henri Castel : « Même les individus les moins instruits sont capables d’interrogations dont la force laisse sans voix » (p 14). En fait, Castel ne livre son expérience de clinicien que sous la forme de divagations métaphysiques : il ne se livre à aucune analyse de cas qu’il aurait traités. Ses cas, il va les chercher chez les autres, avec une fascination pour « Agnès ». la première transsexuelle traitée par Robert Stoller.

Alors que les Etats-Unis se relevaient à peine de l’intolérance du mac-carthysme, Robert Stoller a été un des seuls à prêter une oreille compatissante aux difficultés des transsexuelLEs : Pierre-Henri Castel croit avoir trouvé la raison « Son behaviorisme endocrinologique est (…) une machine de guerre anti-psychanalytique » (p 69). Des milliers d’individuEs confrontéEs à des problèmes terribles d’acceptation de soi et de rejet par les autres trouvent un thérapeute qui les écoute, et tout ce que Pierre-Henri Castel voit, c’est sa guéguerre entre obédiences rivales de la psyché.

« Agnès » est d’ailleurs l’une des seules transsexuelles citées dans le livre qui ne voit pas son prénom immédiatement accolé d’un prénom masculin. Autrement, c’est systématique, à en devenir gênant, quand, à la fin, dans l’appendice final, des cas de changements de sexe officiels sont relevés dans le journal officiel et livrés ainsi à la publicité. Comment ne pas y voir une forme malsaine de sadisme ?

De la même façon, Pierre-Henri Castel balaie d’un revers de manche le discours des trans et des hermaphrodites « militantEs ». Il cite abondamment des militantEs féministes, jusqu’à la délirante et réactionnaire Janice Raymond, pour qui les transexuelLEs sont l’équivalent des eunuques qui gardaient les femmes dans les harems.

Autre impasse, la situation des transgenres dans des sociétés non-européennes – on ne peut parler de transsexuelLEs dans des sociétés où l’opération est impossible. Pour Pierre-Henri Castel ce sont des « bizarreries ethnologiques » qui n’entament en rien sa mauvaise foi : « C’est un scepticisme ou un relativisme faible qui s’appuie sur ces contre-exemples pour mettre en cause l’universalité du dimorphisme sexuel et des normes hétérosexuelles qui s’y articulent (…). Il n’y a jamais dans ces exemples spectaculaires de « troisième sexe », de preuve qu’il s’agit d’un fait social constituant (p 325) (…). La rareté des exemples allégués se retournent contre l’argument qu’on veut en tirer ». Pas un mot dans tout son livre sur la discrimination dont souffrent les trans, du rejet social, pas un conseil de ce super-spécialiste pour leur rendre la vie plus facile, et toujours le même tabou pour ceux et celles qui vivent sous une identité opposée à leur sexe biologique sans vouloir se faire opérer.

C’est ce qui est proprement impensable pour Pierre-Henri Castel. Pierre-Henri Castel, le Diafoirus du genre ?