On pourrait croire que la droite a avancé en ce qui concerne les droits des gays, des lesbiennes et des trans. Malheureusement, on attend toujours de véritables engagements.
Il faut croire que l’importance du discours à la première personne est chose acquise à l’UMP, pour qui les homophobes seraient les plus à même de parler d’homophobie. C’est dans la même Assemblée, où lors des discussions parlementaires sur le PaCS, Pierre Lelouch criait «Stérilisez-les !», que ce dernier a apporté un amendement à la Loi de sécurité intérieure (LSI) faisant du caractère homophobe une circonstance aggravante de certains délits. On pourrait citer Cécile Renson conseillère de Paris (UMP), connue pour ses positions homophobes, tentant de s’immiscer dans le carré de tête de la marche des fiertés. Il y a également l’hallucinante nomination de Christine Boutin en tant que chargée de mission sur les conséquences sociales des situations d’isolement.
Enfin, en juillet, Jean-Pierre Raffarin, recevant à Matignon l’Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans, a promis de soumettre au vote au cours de l’année 2004 une loi pénalisant les actes et les propos homophobes. On ne peut bien sûr que se féliciter de voir aboutir cette revendication portée depuis longtemps par la communauté homosexuelle. Cependant, nous n’oublions ni certaines décisions homophobes et sexistes comme l’éviction de la CADAC et de l’APGL du Conseil supérieur de l’information sexuelle, de la régulation des naissances et de l’éducation familiale (CSIS), au profit d’associations familialistes ou la promesse de la création d’un délit d’Interruption involontaire de grossesse, ni la nomination dans son gouvernement, d’homophobes notoires.
Au mieux, toutes ces nouveautés dessinent une campagne de pure communication. Au pire, nous assistons à l’émergence à droite d’un discours d’acceptation et de tolérance. Nous connaissons d’avance ce discours pour l’avoir déjà combattu quand il venait de la gauche plurielle, alors au gouvernement. Il s’agit de mettre en avant le droit à l’indifférence et le respect de la vie privée. Alors qu’enfermer l’homosexualité dans la sphère privée, c’est nous réduire au silence et à la honte. Quand des homosexuelLEs préfèrent rester invisibles et se faire passer pour ce qu’ils/elles ne sont pas, c’est tout simplement pour échapper à l’homophobie. Quant au droit à l’indifférence, il nous a suffisamment été accordé depuis le début de l’épidémie de sida. Pire, ces discours de tolérance sont indissociables d’une mise en garde contre le communautarisme, le prosélytisme et un supposé pouvoir gay. On aimerait tant les croire. Croire que le communautarisme puisse mettre à mal l’idéal républicain (traduisez, l’homme blanc hétérosexuel « respectable » érigé en norme universelle). Croire que l’on puisse parler de prosélytisme homosexuel malgré le formatage hétérosexiste institutionnalisé. Croire que les jeunes gouines, pédés et trans ne sont pas sur-exposéEs au suicide et aux pratiques à risques, à cause de l’homophobie ambiante. Quant au soi-disant pouvoir gay, nous n’avons qu’une chose à écrire :
Act Up-Paris exige ENCORE :
– une loi qui pénalise les actes et les propos homophobes, transphobes et sexistes ;
– l’accès pour les lesbiennes, les gays, les trans au mariage, à l’adoption, à l’Aide médicale à la procréation ;
– le droit au séjour pour nos amantEs et le droit d’asile pour toutes les victimes d’homophobie, de transphobie et de sexisme ;
– la possibilité de changer de sexe et/ou d’état civil quand nous le désirons, même sans opération ;
– que la prévention contre le sida, la lutte contre l’homophobie, le sexisme et la transphobie soient considérées comme des priorités, en particulier dans les établissements scolaires.