Petit à petit, le préservatif féminin sort du placard. Pourtant, malgré une campagne nationale, sans vraie politique d’accessibilité, le Fémidon® restera sous-employé.
Le préservatif féminin s’affiche petit à petit. Quelques titres de la presse féminine à la pointe de l’actualité semblent l’avoir découvert pendant l’été, soit dix ans après son arrivée en France, et encore en le reléguant à la page Controverse pour Vital. Il s’est surtout affiché en grand format en juin dernier dans les rues de Toulouse. La campagne, à l’initiative d’associations régionales dont Act Up-Toulouse et financée par la Mairie, s’est déroulée du 16 juin au 1er juillet avec deux visuels déclinés en affiche et complété par une distribution de préservatifs féminins via les associations. Mais si le préservatif féminin s’affiche comme «un autre moyen de se protéger du sida», les femmes y sont encore présentées comme une jolie fleur qui s’ouvre élégamment au pistil masculin, la corolle joliment emballée de plastique. Un grand pas vers la chute des tabous sur la sexualité féminine…
Depuis 1998, année de la mise aux normes du Fémidon®, les campagnes publiques d’affichage et de diffusion du préservatif féminin se comptent sur les doigts d’une main : enquêtes d’acceptabilité conduites de 1999 à 2000 dans le Val de Marne, la Seine Saint Denis, la Loire et les Bouches du Rhône, campagne de diffusion menée par le Conseil Général de l’Essonne en 2001 avec subvention du préservatif, vendu -expérience unique- à 0.15 euro.
Campagne nationale
Mais, quid d’une campagne nationale massive qui présenterait cet outil, prouvé performant, à l’ensemble des femmes et des hommes ? Faut-il rappeler que le préservatif masculin présenté comme «ringard» et «tue l’amour» au début de l’épidémie, n’est entré dans les pratiques qu’à grand renfort de campagnes publicitaires et de distribution gratuite. En projet depuis la fin 2000, sans cesse repoussée de 1er décembre en 8 mars, une campagne nationale pour le préservatif féminin est enfin annoncée pour la fin de cette année. 100 000 Fémidons® vont être subventionnés par la DGS et vendus via le circuit des pharmacies de ville au prix de 1 euro, le tout relayé par une campagne de communication. On est loin du préservatif à 1 franc.
100 000 Fémidons® pour 30 millions de femmes dont plus de 35 000 séropositives ; une diffusion par le seul biais des pharmacienNEs qui depuis des années refusent pour la plupart de jouer le jeu de l’information auprès des clientEs ; un prix toujours exorbitant alors que l’Essonne le diffusait dix fois moins cher. Si elle ne s’accompagne pas d’une vraie politique d’accessibilité, une campagne d’information représente un intérêt quasi-nul.
Pour une véritable promotion du préservatif féminin, Act Up-Paris exige :
– une véritable diffusion massive du préservatif féminin via les réseaux éducatifs, sanitaires et sociaux,
– la fourniture gratuite de stocks significatifs aux associations de lutte contre l’épidémie,
– une politique de subvention durable pour un prix de vente à 0.15 o dans l’ensemble des circuits de distribution.