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10% : c’est la baisse de budget à laquelle doit faire face l'[Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS). Le second appel d’offre pour 2004 est d’ores et déjà annulé. Claudie Haigneré, ministre de la Recherche, doit faire marche arrière. Nous le lui avons signifié en la zappant.

Le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin a de la suite dans les idées. Après avoir songé à diluer l’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) dans l’INSERM, le voilà qui ampute son budget. En effet, la droite a profité du mois de juillet pour amputer le budget de l’ANRS de 10 %, soit 4,2 millions d’euros. L’Agence se retrouve incapable de faire un second appel d’offre et c’est l’ensemble de la recherche contre le sida qui se trouve menacée par cette coupe budgétaire. Les recherches dans les pays du Sud seront les premières à souffrir de ce gel budgétaire et des recherches sur, par exemple, la toxicité des médicaments ou la période idéale pour démarrer un traitement risquent d’être abandonnées faute de moyens. Aujourd’hui affaiblie, la recherche publique risque d’être supplantée par la recherche des laboratoires pharmaceutiques privés, dont les études sont souvent opaques et toujours financièrement intéressées. Au printemps dernier déjà, l’Agence était menacée de démantèlement. La question de son renouvellement a fait l’objet d’un débat au sein du gouvernement qui envisageait notamment son rattachement à l’INSERM. Seule la pression des associations et des chercheurSEs a poussé le gouvernement à faire marche arrière et à renouveler le mandat du groupement d’intérêt public de 3 à 6 ans.

Décision obscène

Quelques semaines seulement après la Conférence de Paris sur la pathogenèse et les traitements, où touTEs, chercheurSEs, médecins et associations, ont souligné l’importance de cette agence unique en Europe, cette décision est simplement obscène. Cette coupe budgétaire est la suite logique de la politique de santé publique menée par le gouvernement : gel des crédits aux associations, liquidation de la politique de réduction des risques à l’égard des usagèrEs de drogues, caution tacite accordée aux lois sur la sécurité intérieure qui menacent directement la santé des étrangerEs et des prostituéEs, démission de la France face aux impératifs de la lutte contre le sida dans les pays en développement, etc. En un an et demi de présence au ministère de la Santé, le bilan de Jean-François Mattéi est accablant. La désinvolture qu’il a manifesté cet été n’en est qu’une illustration supplémentaire. Celui de la ministre de la Recherche n’est pas meilleur. Nous voulons un véritable budget et un véritable ministre de la Santé. C’est à ce titre qu’une quinzaine de militantEs ont interpellé Claudie Haigneré, ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles Technologies, lors des Journées du patrimoine. L’association doit maintenant rencontrer la ministre le 13 octobre prochain, avant le vote du budget.