Dimanche 26 octobre, ouverture en fanfare de la 9ème Conférence Européenne sur le sida à Varsovie. Hugues Fischer, vice-président d’Act Up-Paris est sur place et publiera à partir d’aujoud’hui lundi sa chronique quotidienne.
Le Professeur Christine Katlama, Présidente de la société européenne des cliniciens sida, magistrale, vient de déclarer ouverte la neuvième « European aids conference ». Nous sommes à Varsovie, il est 18h, ce 26 octobre en pleine session d’ouverture. Après les discours entendus de Aleksander Kwasniewski, le Président polonais qui s’est fait représenter et de son Ministre de la santé, rappelant combien le travail des médecins et scientifiques est essentiel face au fléau du sida et combien la Pologne fait de son mieux dans ce combat, la Présidente de l’EACS souligne que, sur fond d’extension de l’Union Européenne, le sida n’a pas attendu les politiques pour s’étendre à l’Est et plaide, en écho aux discours activistes de l’été dernier, pour un accès aux soins pour toutes les personnes atteintes par le VIH sans discriminations. « Une démocratie moderne doit être capable de promouvoir cet accès » rappelle-t-elle encore avant de préciser le programme de travail et de formation de l’association qu’elle préside.
1% d’usagers de drogues ont accès aux soins
En guest star, Carl Dieffenbach est venu ensuite présenter le programme d’aide publique américain à la recherche sur le VIH principalement constitué des actions du NIAID. Il est suivi par une New-yorkaise d’adoption, Kasia Malinowska, qui entretient longuement l’assistance sur la progression et les ravages de l’épidémie de sida dans les pays de l’ex-union soviétique.
Principalement centrée sur la question des usagers de drogue intraveineuses qui représentent de 76% à 88% des personnes contaminées selon les républiques, elle se concentre surtout sur la question de l’accès aux soins de ces personnes, soulignant que le nombre de ces malades traités tourne autour de 1% et insiste sur les causes de cette discrimination : principalement les décisions médicales où l’idée de l’inobservance des usagers sert souvent de prétexte ou bien la méfiance des personnes atteintes face à un système de soins à travers lequel ils craignent la dénonciation et les poursuites judiciaires. Son exposé finit par les mesures d’urgence qui, selon elle, sont de première nécessité : le développement de la prévention et celui de l’accès aux soins des usagers de drogues et la révision des politiques de répression de l’usage de drogues. Il nous semble un moment reconnaître ce terrain là…
Le co-chairman de Christine Katlama, le Professeur Andrzej Horban, local de l’étape comme il se doit, présente brièvement la cohorte Eurosida. Elle a rassemblé les données de 9802 personnes atteintes à travers l’Europe depuis 1994 et permet notamment des études comparées entre quatre régions, le nord, le sud, l’est et le centre. C’est une honte pour l’Europe, dénonce-t-il, de constater la grande disparité des prises en charges qui font que dans certaines zones du continent, les chiffres sont comparables à ceux de pays d’Afrique.
Prévention pour les travailleurs du sexe
Enfin, Madame la Ministre de la Santé de Thaïlande, Sudarat Keyurapan, clôture cette session inaugurale par l’invitation à la XVème conférence internationale sur le sida qui aura lieu à Bangkok en juillet prochain. Mais elle n’a pas manqué auparavant de retracer le programme de développement gouvernemental de lutte contre le sida et en particulier l’effort de production d’antiviraux génériques dont elle dit qu’ils seraient les moins chers au monde. Le programme thaïlandais devrait permettre de fournir un accès à tous les Thaïlandais séropositifs qui en ont besoin en 2004 et prévoit de réduire la transmission materno-fœtale à 3%. La prévention, principalement en direction des travailleurs du sexe, est aussi incluse dans ce programme dont la principale question est le maintien à long terme.
Après les symposiums des grands laboratoires pharmaceutiques, sorte d’opérations de convivialité marketing de l’industrie, qui servent traditionnellement de lancement à la conférence européenne, la session d’ouverture replace un peu les esprits face aux dures réalités de la vraie vie : celle des innombrables personnes sans traitement dans le monde. Mais, rassurons nous, la convivialité polonaise aura vite dissipé ce soir dans ses traditionnelles vapeurs éthyliques parfumées, les scrupules, s’il en est, de nos chers marchands de molécules.