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Le 20 novembre 2003, Sida Info Service lance une campagne nationale de promotion du préservatif féminin, commandée et financée par l’INPES et le Ministère de la Santé. Attendue depuis 5 ans par les associations et alors que les femmes sont les oubliées du sida depuis 20 ans, cette campagne nous laisse perplexes quant à son impact en matière de prévention. Act Up-Paris dénonce les choix de fond et de forme de cette campagne.

Visuel de la campagne

Visuel de la campagne

La forme, tout d’abord. La campagne Plouf Plouf, « volontairement axée sur un code couleur et graphique féminin et caricatural » (dixit le dossier de presse de Sida info service), est tout simplement méprisante pour les femmes et dramatiquement incompréhensible (voir ci-contre). Le préservatif féminin en est le grand absent. Ni montré, ni expliqué. Est-il d’ailleurs si horrible qu’il faille tirer au sort pour le mettre ? Et quand cessera-t-on de considérer la sexualité féminine comme une question de gamines effarouchées ? Et pourquoi pas « Plouf-plouf-c’est-toi-qui-au-ras-le-sida » tant qu’on y est ? Le fond, ensuite. Après des années d’attente, la première campagne nationale sur le préservatif féminin se réduit à une campagne de promotion commerciale en officines. Le ministère de la Santé a choisi de ne s’appuyer que sur ceux qui ont toujours refusé de promouvoir — voire même de vendre, un outil disponible sur le marché français depuis 1998. 20 préservatifs féminins par pharmacie en 5 ans, et encore chez les seuls volontaires… Qu’en est-il d’une diffusion massive et gratuite via les DDASS, les réseaux scolaires et universitaires, les médecins, les plannings familiaux, les associations de femmes et de lutte contre le sida ? Qu’en est-il d’une vraie campagne de prévention avec des relais de communication de masse, presse, affichage et télé ? Ces précieux préservatifs subventionnés seront vendus pendant un mois en pharmacie au prix de 1 euro, soit presque 10 fois plus cher que ne l’avaient été les préservatifs masculins dans les années 90 ; mais aussi 6 fois plus cher que les préservatifs féminins subventionnés par le conseil général de l’Essonne en 2001. Enfin, affirmer que « maintenant on a le choix » c’est aussi nier l’impossibilité de négociation du préservatif que rencontrent de nombreuses femmes. Dans un contexte où les femmes sont de plus en plus touchées par l’épidémie (52% des cas de contaminations en France en 2002 étaient des femmes), pourquoi lorsqu’il s’agit de FEMMES et de SIDA, dans un contexte national, les campagnes de prévention devraient-elles être sans envergure, sans le sou, misogynes et fières de l’être ?