Essai de phase II/III, randomisé, en double aveugle, évaluant la tolérance de l’IL-2 sous cutanée et son efficacité pour maintenir, sans antirétroviraux, un taux de CD4 supérieur à 300/mm3, chez des personnes naïves d’antirétroviraux.
à qui s’adresse cet essai ?
A 130 personnes vivant avec le VIH, asymptomatiques, ayant un taux de CD4 compris entre 300 et 500/mm3, n’ayant jamais reçu de traitement antirétroviral (sauf un traitement de moins de 3 mois et arrêté au moins 6 mois auparavant).
commentaire
La décision d’initier un traitement antirétroviral ne peut se faire qu’après avoir mis en balance d’une part les bénéfices pour la personne (restauration immunitaire avec diminution des risques d’infections opportunistes) et d’autre part les accumulations d’effets intolérables dus aux traitements, effets qui sans conteste altèrent la qualité de vie et rendent l’observance difficile.
Le rapport Delfraissy 2002 recommande de proposer un traitement lorsque les CD4 sont inférieurs à 350/mm3 sans attendre qu’ils baissent à 200/mm3. En l’absence de traitement, le taux de CD4 baisse régulièrement et ceci en fonction de la charge virale. Une stratégie permettant de retarder l’initiation des antirétroviraux chez des personnes asymptomatiques permettrait ainsi d’éviter le cortège inévitable de leurs effets intolérables.
Cette étude a pour but, en administrant l’Interleukine-2 (IL-2) par cures successives, de maintenir le taux de CD4 à un niveau supérieur à 300 mm3, et donc de retarder l’initiation du traitement antirétroviral. Plusieurs études ont montré une augmentation des CD4 chez des patientEs peu immunodépriméEs traitéEs à la fois par IL-2 et antirétroviraux. Une étude récente a évalué l’effet de l’IL-2 chez des patientEs naïfVEs de traitement. L’augmentation des CD4 a été significative et durable.
Les effets indésirables de l’IL-2 sont connus, ils dépendent de la dose et de la durée : essentiellement fièvre, fatigue, maux de tête, parfois nausées, diarrhées, irritabilité, insomnies, état dépressif qui sont réversibles à l’arrêt du traitement. Ils surviennent systématiquement dans les heures qui suivent l’injection et disparaissent 24 heures après l’arrêt de la cure. Si à la fin de l’essai, l’IL-2 a montré une efficacité et que vous correspondez toujours aux critères d’inclusion, vous pourrez continuer à en recevoir (même posologie, même fréquence).
quel est l’objectif de l’essai ?
– L’objectif principal est de comparer sur 2 groupes de personnes, suivies en parallèle, avec ou sans IL-2, en l’absence de traitement antirétroviral, le pourcentage de personnes en succès de la stratégie à 96 semaines.
– Les objectifs secondaires sont de comparer dans les deux bras : le délai d’apparition de l’échec de la stratégie, avec un taux de CD4 inférieurs à 300/mm3 (résultat confirmé à 2 semaines d’intervalle), ou bien la nécessité de débuter un traitement antirétroviral, ou encore l’apparition d’un événement classant sida ; l’évolution moyenne des CD4 ; la différence moyenne de la charge virale plasmatique ; la fréquence des troubles métaboliques et de la répartition des graisses, des toxicités de grade 3 et 4 ; et la distribution de l’ADN proviral cellulaire.
Une sous-étude immunologique est prévue, elle concernera les 50 premières personnes de la région parisienne. Un consentement particulier leur sera demandé.
comment se déroule l’essai ?
C’est une étude multicentrique (une trentaine de centres en France participeront). Les inclusions dureront un an, le suivi sera de 96 semaines pour chaque personne.
Deux stratégies seront comparées :
– Groupe I : groupe « témoin » sans traitement.
– Groupe II : groupe « IL-2 ». L’IL-2 (Macrolin®) sera administrée par voie sous-cutanée à la posologie de 4,5 millions d’unités matin et soir, pendant 5 jours, à raison de 4 cures toutes les 8 semaines (la 4ème cure sera facultative si les CD4 ont doublé entre le jour de l’inclusion et la 24ème semaine). Par contre, 2 cures supplémentaires seront possibles si les CD4 sont inférieurs à 1,2 fois la valeur initiale.
La première série d’injections sera faite en hôpital de jour en raison des effets indésirables malheureusement inévitables. On pourra ainsi vérifier la tolérance au médicament et apprendre aux personnes à pratiquer eux-mêmes les injections, s’ils et elles le désirent.
Si le taux de CD4 devient inférieur à 300/mm3, un traitement antirétroviral sera prescrit (en tenant compte des recommandations du rapport Delfraissy) et le/la participantE sort alors de l’étude. Pour les femmes, un test de grossesse sera pratiqué en début d’essai. Par la suite, il est conseillé d’utiliser une contraception efficace, car il existe un risque de malformation du fœtus.
quels sont les critères d’évaluation ?
Les critères d’évaluations sont le succès ou l’échec de la stratégie ; le délai d’apparition de l’échec et la proportion de temps passé par chaque personne en succès de la stratégie ; les critères virologiques : évolution de la charge virale ; l’évolution de l’ADN pro viral ; les critères immunologiques : évolution des CD4 et des CD8 ; la mesure de la qualité de vie et de l’observance.
Le succès est défini par le maintien du taux de CD4 supérieur ou égal à 300/mm3, en l’absence d’événement classant sida.
Une sous-étude prévue sur 25 personnes de chaque groupe permettra d’évaluer la qualité de la réponse obtenue (étude des sous-populations CD4/CD8 naïves et mémoires, étude de l’enveloppe du VIH, c’est à dire étude des co-récepteurs).
qui contacter?
– investigateur principal : Pr Jean-Michel Molina, Hôpital St Louis, 75010 Paris, tél : 01 42 59 51 72
– La ligne d’information d’Act Up-Paris sur les essais cliniques est ouverte les lundis, mardis, jeudis et vendredis de 14H à 18H au 01 49 29 44 82
grille de lecture
conditions d’entrées | |
naïfs | oui |
pré-traités | non |
charge virale | indifférent |
nombre de CD4 | > 300 |
infections opportunistes | non |
bénéfices directs | oui |