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La conférence sur les rétrovirus (CROI) a certainement atteint son point le plus bas, proche de l’encéphalogramme plat. Entre le réchauffé et nouveautés qui ne surprennent plus personne, les sessions de la journée ne pouvaient qu’inciter à trouver d’autres occupations. croi-conf-atac.jpgLa conférence de presse de l’Aids Treatment Activists Coalition (photo ci-contre) est tout à coup devenue une aubaine pour les médias spécialisés ou non (le représentant de la chaîne CNN était présent). Elle se tenait cet après midi dans les locaux de la San Francisco Aids Foundation et marquait l’annonce du boycott de la firme Abott après sa décision d’augmenter de 400% le prix de son antirétroviral, le Norvir (Ritonavir->mot727]). La communauté exige que son prix soit rétabli. Un mot d’ordre repris également par les activistes européens de l’EATG ainsi que le groupe interassociatif français TRT-5 qui diffusa également [un communiqué de presse. Les participants à la CROI ont largement répondu présents lors de cette conférence de presse. Et c’est toujours un plaisir de voir les activistes attirer l’attention sur eux aux dépens d’une CROI qui n’est d’ailleurs jamais très tolérante à leur égard.

Réchauffé

Après la conférence de presse, il ne restait plus qu’à reprendre le chemin de plénières non dénues d’intérêts, mais qui avaient un sérieux goût de réchauffé. Bien entendu, une conférence sur la diversité immunologique des individus et leurs implications pour faire un vaccin est un sujet intéressant… pour quelqu’un qui le découvre ! Cette présentation date en effet de la Aids Vaccine 2003 et on ne pouvait rien apprendre de nouveau . La synthèse sur le DNA editing, quant à elle, avait au moins l’avantage de faire le point sur l’ensemble des connaissances sur un phénomène nouvellement découvert et abondamment présenté à la conférence de l’IAS à Paris en juillet dernier : le processus antiviral naturel de nos cellules faisant intervenir une protéine, APOBEC 3 G et l’habile parade du VIH, la protéine VIF. On est là en pleine recherche fondamentale. La session de l’après midi sur ce même thème a permis de compléter les données de l’été dernier. Et c’est probablement le sujet le plus développé de la journée. Pour le reste, une session interminable sur les complications de la maladie, session essentiellement faite de résultats négatifs et déprimants sur tous les essais pour tenter de calmer les lipodystrophies. La conclusion de cette session appartient certainement à l’équipe d’Andrew Carr qui testait sans succès l’intérêt de la Rosiglitasone : on y apprend en substance qu’il vaut mieux prévenir l’apparition des lipoatrophies plutôt que chercher à les corriger. Les persones atteintes de lipodystrophies apprécieront… Il reste encore la session attendue de l’après midi sur l’hépatite C dont l’objet était la présentation des résultats définitifs des trois principales études de traitement de l’hépatite C par l’interféron alpha pegylé et la ribavirine chez des personnes co-infectées : l’essai américain ACTG, l’essai français Ribavic et l’essai international APRICOT. Sauf que tous ces essais ont déjà abondament fait parler d’eux, soit à partir de leurs résultats intermédiaires, soit parce chacun sait que seuls de nouveaux traitements permettraient de se sortir des impasses provoqués par les traitements actuels.

Devine qui vient dîner ce soir

Heureusement nous avons pu finir la journée dans la douce quiétude d’un grand restaurant où le laboratoire Boehringer Ingelheim avait convié «les activistes du monde entier» — traduisez les Américains — et quelques globe-trotters de l’activisme. Histoire de perturber quelque peu l’ethnocentrisme du laboratoire, nous avons cru bon de convier aussi quelques amies africaines. Cette initiative ne fut, semble-t-il, pas totalement du goût de nos hôtes ! A demain. [article précédent ] – [article suivant ]