Aujourd’hui une vingtaine de militants d’Act Up Paris ont entravé l’entrée d’une réunion de la firme pharmaceutique Abbott en s’allongeant sur le sol. Avec ce die-in qui symbolise les morts du sida, Act Up entend protester contre la multiplication par cinq du prix du Norvir® au Etats-Unis. Les participants de cette réunion, pour la plupart des infectiologues français, ont dû enjamber les militants d’Act Up afin pénétrer dans la salle.
Fin décembre 2003, Abbott a brutalement informé le corps médical que son coût mensuel passerait de 54 $ à 265 $ par mois. Norvir® devient ainsi l’antirétroviral le plus cher du marché devant Fuzéon® (de Roche) dont le coût annuel de 20 000 $ est déjà astronomique.
Du fait de son utilisation comme booster dans de nombreuses multithérapies prescrites dans le traitement de l’infection par le VIH, la flambée du prix de Norvir® est à l’origine d’une hausse des prix très importante de nombreuses combinaisons médicamenteuses. L’intention d’Abbott est d’obliger les personnes utilisant Norvir® en association avec d’autres antirétroviraux à abandonner leur antiprotéase au profit de son nouveau produit, le Kalétra® (combinaison de lopinavir et ritonavir).
Il est difficile de croire que la flambée du prix du Norvir® annoncée de l’autre côté de l’Atlantique n’est pas un essai que le laboratoire Abbott va s’empresser de transformer sur le vieux continent.
Derrière l’augmentation du prix de Norvir® se cache une stratégie marketing lamentable qui vise principalement à laminer la concurrence en méprisant l’intérêt des malades. L’augmentation du prix de Norvir® ne sera pas sans conséquence sur le développement de nouvelles antiprotéases comme le Tipranavir de Boehringer qui pour la plupart ne peuvent s’utiliser qu’en association avec le Norvir®. L’emploi des traitements utilisés contre le VIH/sida a une durée de vie limitée dans le temps, la survie des malades nécessite le développement de nouvelles molécules.
Act Up Paris exige du laboratoire Abott qu’il revienne sur sa décision de hausse des prix aux Etats-Unis et qu’il cesse de faire primer des considérations strictement économiques sur la vie des malades.