Les samedis de ces derniers mois ont été animés dans le Marais. 4 établissements ont été zappés et nous n’avons cessé d’alerter sur la dégradation de la prévention dans les établissements. Explications.
Le 22 novembre, une vingtaine de militantEs d’Act Up-Paris ont zappé le Full Metal. Le 29 novembre, une quarantaine de militantEs ont zappé le Keller. Le 13 décembre, une vingtaine de militantEs ont zappé le sauna IDM. Le 20 décembre, une douzaine de militantEs ont zappé le Banque Club. Le 9 janvier, une quinzaine de militantEs ont zappé le Key West. Le samedi 6 décembre, nous avons mené une campagne d’affichage et un tractage afin d’informer la communauté pédé des actions menées contre les établissements de consommation sexuelle.
Toutes ces boîtes à cul pédé ne font pas d’efforts en matière de prévention et d’hygiène. Nous sommes en colère parce que malgré tant d’années de lutte contre le sida, ces établissements ne sont toujours pas capables de faire le minimum : offrir des capotes et du gel à leurs clients. Et il ne s’agit pas simplement d’en laisser en libre-accès au bar ou d’en donner une à l’entrée, mais bien qu’il y en ait partout dans l’établissement et que la clientèle ne soit pas obligée d’en réclamer.
Après ces 5 établissements, d’autres sont également concernés et savent ce qu’ils risquent. Pourtant, nous leur demandons simplement de respecter les consignes d’hygiène et de prévention qui sont inclues dans la charte de responsabilité mise en place par Act Up, Aides , Sida Info Service et le SNEG (Syndicat national des entreprises gaies), qu’ils soient signataires ou non de celle-ci.
Etre signataire de la charte de responsabilité signifie, pour un établissement, obtenir gratuitement de la part du SNEG des pipelifes remplis de préservatifs à disposer dans les parcours sexuels, qu’il devra ensuite remplir par lui-même. Elle lui permet également de recevoir gratuitement des distributeurs de gel. Enfin, la charte de responsabilité fonctionne comme un label, ce qui permet à l’établissement de bénéficier d’une publicité gratuite.
Cette charte a été signée il y a plus d’un an et demi, au printemps 2002. Nous pensions que l’incitation et la pédagogie se suffiraient à elles-mêmes. Par notre campagne de zaps, et en tant qu’usagers de ces saunas et backrooms, nous intervenons afin de dénoncer la logique marchande de ces patronEs qui refusent de distribuer des capotes. Ces établissements ont pourtant la possibilité de se fournir auprès du SNEG à trois centimes la capote. Entre ces trois centimes et la vie d’un pédé, ils ont choisi. Qu’ils répondent aujourd’hui de ce choix.
Notre politique a déjà porté quelques fruits. Le patron du Full Metal nous a répondu par un courrier qu’il assurait mettre à disposition de sa clientèle des préservatifs et qu’il installerait au plus vite des pipelifes dans ses parcours sexuels. Le SNEG a reçu des demandes de patrons qui souhaitaient eux aussi des pipelifes. Des clientEs de ces établissements nous ont même remercié d’avoir mené ces actions.
Il reste malgré tout encore une moitié des établissements gays parisiens qui ne sont pas signataires de la charte. Nous ne leur demandons pas forcément d’y adhérer, mais d’en respecter les règles, c’est-à-dire de faire leur travail d’acteurs de prévention. Tant qu’ils refuseront de le faire, nous ne les laisserons pas tranquilles.
Les chiffres des reprises des contaminations dans la communauté homosexuelle, en particulier parmi les plus jeunes, sont là. Il y a urgence.