Suite au drame de Sébastien Nouchet, nous avons appelé à une Assemblée générale contre l’homophobie le 17 février, à l’Ecole des Beaux Arts. Plus de 200 personnes ont participé aux débats afin d’exiger la mise en place d’un véritable plan de lutte contre l’homophobie et d’élaborer des revendications communes. Lire le compte rendu sur notre site.
En janvier 1999, des manifestantEs anti-pacs criaient : «les pédés au bûcher». Des paroles aux actes, le pas a été franchi. Pourtant, malgré les violences répétées, malgré les insultes que nous subissons chaque jour, nous n’arrivons pas à réagir collectivement. Quand nous le faisons, c’est de façon isolée et dispersée. De leur côté, les politiques, Jacques Chirac en tête, se contentent de paroles de compassion tardives, mais ne cessent de reporter à plus tard les mesures nécessaires pour combattre l’homophobie.
L’exemple tragique de Sébastien Nouchet n’est malheureusement pas isolé. Des dizaines d’attaques contre des homos et des trans ont eu lieu l’année dernière, au seul motif de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Face à cela, les seules réponses du gouvernement sont la mise en place d’une Autorité administrative indépendante de lutte contre les discriminations et la proposition dans les mois qui viennent d’une loi pénalisant les propos homophobes – que réclament les associations depuis des années – dont le contenu est encore incertain.
Encore une fois, la seule réponse que l’on puisse obtenir pour lutter contre l’homophobie, c’est la répression. Mais qu’en est-il de la prévention ? Quand mettra-t-on en place une véritable éducation aux sexualités dans les collèges et lycées ? Quand les personnels éducatifs, sociaux, policiers seront-ils formés sur la question homophobe ? Les dernières déclarations du gouvernement ne peuvent pas nous convaincre. La principale mesure de lutte contre l’homophobie, c’est de mettre fin aux discriminations dont sont victimes les homos et les trans dans la législation. Tant que les lesbiennes, les gays, les bi et les trans resteront des citoyens de seconde zone selon la loi, ils et elles continueront à être insultéEs, stigmatiséEs et agresséEs. Nous attendons du gouvernement qu’il lutte sans tarder pour l’égalité des droits et contre les préjugés et l’ignorance relatifs à l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Ces préjugés conduisent à la haine et à la non-acceptation des différences.
Le samedi 21 février, Act Up-Paris organisait et coordonnait un rassemblement contre l’homophobie dans le Marais. A cette occasion et suite à notre demande, de nombreux commerces gays ont fermé leur établissement. 1 500 personnes étaient présentes, venant d’associations (SOS homophobie, Aides Paris Ile-de-France, les Panthères roses, le Centre gay et lesbien de Paris, l’Inter-LGBT, Energay, les Verts, les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, l’Académie gay et lesbienne, Les Telles, HBO, Melo’Men, Femmes publiques, la Centrale gay, Lusogay, l’AGLA, le SNEG, L’Autre cercle, etc.) ou à titre individuel. C’est la première fois que ce quartier est le lieu d’une mobilisation de cette ampleur. A cette occasion, un texte d’appel unitaire a été diffusé et des revendications communes consignées. Nous les reproduisons ici.
Nous demandons :
– l’inscription dans la Constitution de la lutte contre toutes les discriminations et donc contre l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie ;
– la mise en place d’une politique efficace de prévention de l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie, notamment en milieu scolaire et dans les organismes accueillant du public ;
– la condamnation des discriminations liées à l’orientation sexuelle et/ou à l’identité de genre, au même titre que le sont celles liées au racisme ou à l’antisémitisme ;
– la pénalisation de l’incitation à la haine homophobe, lesbophobe et transphobe ;
– l’adoption des lois nécessaires à la reconnaissance du couple homosexuel au même titre que peut l’être le couple hétérosexuel ;
– l’extension de l’ensemble des avantages sociaux et fiscaux dont bénéficient les couples hétérosexuels aux couples de même sexe ;
– l’accès à l’adoption et à l’assistance médicale à la procréation pour touTEs, quelles que soient l’orientation sexuelle et l’identité de genre du ou des demandeurSEs ;
– la simplification de la procédure de changement d’état civil des transgenres et l’accès à une prise en charge médicale choisie, rapide et efficace.