En octobre 1991, une étude menée à San Francisco alertait sur le fait que la fellation présentait un risque de transmission au VIH. Elle mettait en évidence que plusieurs pédés qui n’avaient pas pratiqué de pénétration anale mais seulement des fellations avaient été contaminés.
Si la salive n’est pas contaminante une contamination est malgré tout possible à cause de micros lésions sur la bite ou dans la bouche et en présence de sperme ou de liquide pré-séminal dans la bouche. L’évaluation du risque est problématique. On affirme généralement que tailler des pipes présente un risque faible, de nombreuses personnes vivant en couple sérodifférent n’ont jamais été contaminées alors qu’elles sucent sans capote. Pourtant, en 1998 une nouvelle étude réalisée à San Francisco affirmait que 8 % à 10 % des contaminations chez les gays étaient liées à des fellations non protégées. Le risque semblait être équivalent pour les suceurs et les sucés. La seule mesure de risque disponible associée à des contacts bucco-génitaux chez des homosexuels engagés dans des comportements à risque, a été présentée à la conférence de Chicago en février 1998. L’estimation du risque pour un rapport bucco-génital réceptif avec un partenaire de statut positif ou inconnu était de façon inattendue la même que pour un rapport anal insertif avec un partenaire de statut positif ou inconnu. Critiquée du point de vue méthodologique, cette étude qui reposait sur la déclaration des personnes n’avait récolté aucune information sur l’état buco-sanitaire ni sur les circonstances exactes de la contamination (notamment présence du sperme dans la bouche, etc.). La proportion semble surestimé car des études antérieures avaient montré que les gens sont souvent réticents à admettre des pratiques à risque comme l’injection de drogue ou les pénétrations anales non protégées. Dans celles-ci, près de la moitié de ceux qui avaient rapporté comme seul facteur de risque la fellation s’avérèrent avoir eu d’autres pratiques à plus haut risque.
En 2001, une étude plus récente conduite parmi des séropositifs londoniens montrait que 6 % d’entre eux disaient avoir été contaminés par des fellations non protégées. D’après les études mentionées précédemment, la Health Protection Agency estime à 3 % le nombre des contaminations liées à des fellations chez les gays. Quoiqu’il en soit, ces études récentes menées aux Etats-Unis et en Angleterre suggèrent toutes les deux que le risque est plus élevé qu’il n’avait d’abord été évalué. L’augmentation de la prévalence au VIH est avancée pour expliquer cette évolution ainsi que l’adoption de pratiques safe pour la sodomie qui aurait mis en lumière le risque pour les pipes. Il semble que l’état sanitaire de la bouche soit un facteur agravant. Tandis que certains d’entre nous ont été contaminé par des fellations, on attend encore aujourd’hui les recherches qui permettent de mesurer précisément les risques que présente la fellation non protégée. Le manque de travaux pour étayer ce que l’on sait déjà n’est pas seulement lié à la difficulté de mener ces études mais surtout à l’absence de prise en main politique de la question.
Par facilité, la plupart des acteurRICEs de prévention n’ont jamais souhaité insister sur le port de la capote pour les pipes parce qu’il s’agissait d’abord et déjà de convaincre de la mettre pour s’enculer. On s’en tient à dire que sucer n’est qu’un risque faible ou pire, à ne rien dire du tout. En attendant, la majorité de la population continue de croire que la fellation ne présente aucun risque. Pendant ce temps, des contaminations ont lieu. Nous savons bien que ce que vous êtes en train de lire vous fait chier. Nous aussi, devoir sucer avec capotes ne nous enthousiasme guère. Dans le contexte du relapse on s’interroge sur la capacité des homos à intégrer ce nouveau problème dans leurs pratiques sexuelles. Mais personne aujourd’hui n’ose vraiment poser cette question qui fâche : Comment arriver à modifier nos pratiques vis-à-vis des pipes alors que pomper sans capote est perçu comme une des dernières libertés pour les pédés ?
Au final c’est comme si le manque d’études sur la question arrangeait tout le monde : on peut toujours faire semblant de croire que ce n’est pas prouvé. On se rassure en se disant que ne pas utiliser de capote pour sucer n’est pas très grave car le risque serait minime. La seule chose qui n’est pas connue c’est l’importance du risque. Ce risque existe pourtant, et si nous prenons la peine d’en parler, c’est que certains pédés ont été contaminés de cette manière. C’est aussi parce que ce risque s’accroît encore davantage avec la multiplication actuelle des IST. Car, si la fellation est généralement considérée comme présentant un risque faible pour le VIH, la syphilis et les autres IST se transmettent très facilement par les pipes. Les IST peuvent compliquer gravement la prise en charge des personnes séropositive. En outre, la présence d’une infection sexuelle augmente le risque d’une contamination par le virus du sida. Malgré un risque faible de transmission la fellation peut être un important mode de transmission du VIH du fait de sa fréquence.