A l’occasion d’une situation à risque (rapport sexuel non ou mal protégé, partage de matériel d’usage de drogues), les virus qui détruisent le foie vous guettent.
Hépatite A et hépatite E sur le bord du chemin
La transmission du VHA et du VHE est similaire. La contamination se fait par voie oro-fecale. Il n’y a pas de forme chronique de ces hépatites.
L’hépatite A
La forme la plus grave est l’hépatite fulminante, qui survient une fois sur mille et peut être mortelle. La phase aiguë dure environ 4 semaines et la période de convalescence dure également 4 semaines. Il existe parfois des rechutes ou des formes à guérison plus lente. Les anticorps dirigés contre le virus de l’hépatite A disparaissent en quelques mois : cela signifie que l’on peut attraper plusieurs fois une hépatite A. Un vaccin existe. Il semble efficace à 100 %, avec une immunité qui peut durer jusqu’à 10 ans. Il existe des formes du vaccin associé à celui de l’hépatite B. La vaccination contre l’hépatite A est recommandée pour les malades atteints d’hépatite virale chronique C.
L’hépatite E
Le virus de l’hépatite E est plus fragile que le virus A. On peut le rencontrer aussi dans les zones tropicales. Une forme fulminante, donc mortelle, peut apparaître, notamment chez la femme enceinte. Il n’y a pas de vaccin disponible.
L’hépatite B et l’hépatite Delta en vadrouille
L’hépatite B
Faites-vous dépister. Le dépistage peut être réalisé dans les centres de dépistage anonyme et gratuit. Il est recommandé de réaliser les sérologies : VHD, VHC, VIH, syphilis. Le VHB est d’une extrême contagiosité (100 fois plus contagieux que le VIH) : faites-vous vacciner ! Il se transmet par voie sanguine (usage de drogues par intraveineuse, transfusion), voie materno-fœtale et voie sexuelle : 80 % de la population gay a été au contact du VHB. On estime aussi que le virus B est presque aussi contagieux que la syphilis. Il est vraiment important de vous faire vacciner. Il y a une importante chronicité chez les séropositifVEs au VIH. Cependant, l’hépatite B peut guérir spontanément : après 6 mois, la personne développe tous les anticorps. Dans le cas contraire, l’hépatite B devient chronique, c’est le cas de 10 % des personnes. On peut ne pas s’en apercevoir. Pendant toute cette période, la personne est contagieuse. Les estimations officielles comptabilisent 150 000 personnes touchées par une infection chronique au VHB en France et 500 millions dans le monde. La chronicité de l’hépatite B chez les personnes infectées par le VIH est plus importante : plus de 20 % des personnes. De plus, l’évolution vers des phases graves de la maladie (fibrose,cirrhose, cancer) est beaucoup plus rapide et plus fréquente. Un suivi régulier est alors vivement recommandé. La consommation d’alcool et de drogues est extrêmement néfaste dans ce type de co-infection. La particularité du VHB consiste en l’existence de nombreuses souches mutantes, compliquant l’approche médicale du VHB, surtout en cas de co-infection VIH.
L’hépatite Delta
Le VHD ne peut se développer qu’en présence du VHB. La vaccination contre le virus de l’hépatite B protège donc du virus de l’hépatite Delta. La personne co-infectée VHB/VHD est exposée à de graves complications : le VHD augmente le taux de passage à la chronicité de l’hépatite, provoquant une évolution plus rapide de la maladie. Le traitement est lourd, à base d’interféron. Il peut durer plusieurs années. Les résultats sont très décevants. La co-infection VHB/VHD + VIH est fréquente.
L’hépatite C en échappée
En France, 780 000 personnes sont touchées. Au niveau mondial, 3 % de la population est atteinte. L’évolution chronique est à redouter dans 80 % des cas. Les
personnes encourent 2 risques : une cirrhose (ayant subi trop de lésions, le foie devient incapable de se régénérer) ou un cancer. La co-infection VIH/VHC et la prise d’alcool accélèrent la fibrose du foie.
Il existe plusieurs modes de contamination.
– La transmission sexuelle : estimée à 8 % chez les pédés et les bisexuels, les contaminations ont lieu en cas de lésion des muqueuses ou d’herpès. Le risque de contamination sexuelle peut être plus élevé avec une personne co-infectée VIH/VHC (sa charge virale VHC étant plus élevée en raison de l’immunodépression). Par ailleurs, les pratiques fist non protégées constituent une voie d’entrée pour le virus.
– La prise de drogues par intraveineuse : environ 80 % des usagerEs par voie intraveineuse portent le VHC. Il existe aussi un risque lié au partage des pailles lors des inhalations de cocaïne, du fait d’éventuelles altérations des muqueuses du nez. Il est donc important d’utiliser du matériel à usage unique.
– Les transfusions de sang : ce problème concerne essentiellement les personnes ayant reçu du sang avant 1991. Un risque résiduel subsiste encore : 1 cas pour 220 000 donneurSEs.
– Les accidents d’exposition au sang : risque pour le personnel de santé, accident de la voie publique, blessure avec du matériel souillé, etc.
– La transmission mère/enfant : il existe un risque (3 à 9 %) lorsque la charge virale de la mère est positive, lors de l’accouchement ou de l’allaitement (lésions du mamelon).
Les baisers, la vaisselle, la nourriture, l’eau ne sont pas contaminants.
Faites-vous dépister ! Lorsque l’on est porteur du VHC, la vaccination contre les hépatites A et B est vivement recommandée.
L’hépatite G en balade
On retrouve entre 10 et 20 % de personnes contaminées chez les transfuséEs. 30 % des usagerEs de drogues par intraveineuse sont touchéEs. 20 % des personnes séropositives au VHB ou au VHC sont co-infectées par le VHG. On est certain que le VHG se transmet par le sang, mais on ne connaît pas tous les modes de transmission : la transmission par échange de seringues est la plus fréquente chez les usagerEs de drogue. Des transmissions sexuelles et des contaminations de la mère à l’enfant sont régulièrement rapportées. Le VHG ne donne pas d’hépatite chronique. En revanche, il donne des hépatites aiguës. Il n’existe ni vaccin, ni traitement. La co-infection VIH/VHG ralentirait l’évolution du VIH. Mais trois éléments doivent aussi être considérés : on ne connaît pas tous les mécanismes viraux du VHG ; personne n’est en mesure de garantir la manière dont ce virus peut évoluer sur le long terme ; enfin, le VHG peut s’associer au VHB et au VHC. Or ces deux derniers virus demeurent très dangereux.
Le VHB chez les PD
Selon les études, 70 à 80 % des pédés ont rencontré le virus de l’hépatite B (VHB) au cours de leur vie sexuelle. Bon nombre de ces personnes vont guérir spontanément. Mais les autres développeront une hépatite B chronique : une maladie grave, qui nécessite un suivi régulier et des traitements parfois à vie et pouvant conduire à la mort. Les personnes co-infectées VIH-VHB risquent davantage de développer une hépatite chronique et l’histoire naturelle de la maladie sera accélérée. Pourtant, il existe un vaccin et il est urgent de faire le point sur ses
éventuels risques, sur ses bénéfices et d’informer largement. Certaines pratiques sexuelles présentent des risques spécifiques de transmission des hépatites B, C, D, A. En le sachant, il est possible de se protéger, de protéger les autres efficacement.
«Le VHB chez les PD» sera le thème de la 48ème RéPI. Nos invités seront : Dr Duclos-Vallée, hépatologue au Centre hépato-biliaire de l’hôpital Paul Brousse à Villejuif, Dr Lejeune, président de l’association des médecins gays, M. Baudrier, président de l’association SM et P. Cette RéPI se tiendra le lundi 28 juin de 19h à 22h30, au Centre Wallonie Bruxelles, 46 rue quincampoix, Paris IVème.