Etre séropositif aujourd’hui signifie être malade à vie. Les antirétroviraux ne guérissent pas du sida, ils permettent seulement de contrôler la multiplication du virus. Et pour qu’ils puissent continuer à être efficaces sur le long cours, il est important que le malade respecte les prises du traitement qui lui a été prescrit.
observance et virologie
L’étude sur l’observance, à trois ans, issue des données de la cohorte Aproco (sur le suivi des personnes mises sous antiprotéase) montre très clairement le lien entre la non-observance et l’acquisition de résistances aux traitements. Chez les participants qui sont observants à plus de 95%, huit sur dix sont en succès virologique. Pour les ceux observants à hauteur de 90-95%, 64% d’entre eux sont en succès virologique. A hauteur de 80-90% d’observance, ils ne sont plus que 50% à être indétectables. Enfin, avec des niveaux d’observance inférieurs à 80%, le taux d’échec virologique est extrêmement élevé.
L’observance est le principal facteur explicatif du succès d’un traitement. Plus on est observant, plus le succès du traitement est garanti. Cependant, l’observance est difficile à maintenir dans la durée.
évolutions
Aproco a permis de mettre en évidence des variations fines au niveau de l’observance. Le pourcentage des participants ayant été hautement observants à quatre mois, un an et trois ans, reste relativement constant (on passe de 60% à 54%). Mais ce ne sont pas les mêmes qui restent très observantes tout au long des trois années de suivi. En effet, un quart seulement des participantEs déclarent avoir été observants à 100% durant les trois années et 10% des patients déclarent n’avoir jamais été très observants. En majorité, les personnes disent avoir été hautement observantes par période. Ce qui veut dire, et c’est très important, que l’observance n’est pas une caractéristique de l’individu. L’observance est un comportement qui change en fonction des circonstances.
l’observance en début de traitement est essentielle
L’étude de l’observance dans la cohorte Aproco a montré son rôle essentiel à l’initiation d’un traitement. Le succès virologique après trois ans de traitement est de 65% pour ceux qui ont déclaré avoir été très observant pendant les quatre premiers mois du traitement. Parmi ceux qui ont été modérément observants durant ces mêmes quatre premiers mois, 42% ont une charge indétectable au bout de trois ans. Enfin, seulement un tiers de ceux qui étaient non observants durant les quatre premiers mois du traitement ont une charge virale indétectable au bout de trois ans.
au long cours
L’étude Aproco semble indiquer que le fait d’être hautement observant entre le 12ème et le 36ème mois n’est pas aussi important que lors des quatre premiers mois, c’est-à-dire à l’initiation du traitement. Trois catégories de participants se côtoient dans cette cohorte. Il y a ceux qui sur les trois années sont tout le temps hautement observants (entre 95 et 100%), ceux qui sont un peu non-observant (80%-95%). Dans ces deux premières catégories de patients, six sur dix maintiennent une charge virale indétectable au bout de trois ans. En revanche, parmi ceux qui sont observants en dessous de 80%, seulement quatre sur dix ont une charge virale indétectable.
importance du lancement
Cette étude confirme que l’on peut apprécier l’observance de manière scientifique, simple et rigoureuse, et que la majorité des participants à la cohorte ne sont pas observants tout le temps ; l’observance change en fonction du temps. Par ailleurs, les analyses montrent que l’observance initiale joue un rôle majeur dans le succès d’un traitement à trois ans, tant sur un plan virologique que immunologique. Enfin, l’observance pendant la période de quatre mois qui suit l’inititation d’un traitement semble capitale pour la réussite de celui-ci. C’est dire à quel point il est nécessaire de bien préparer cette initiation et de faire le choix des molécules les plus adaptées à son mode de vie.
précisions
Ces informations sont issues de la Réunion publique d’information (RéPI) que nous avons organisée le 7 avril 2004 et plus précisément de l’intervention du
Dr Bruno Spire. Un compte-rendu exhaustif est disponible auprès d’Act Up-Paris, il pourra vous être demander une participation aux frais d’envoi.