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Aujourd’hui, jeudi 15 juillet en début d’après-midi, une vingtaine de militants d’Act Up-Paris ont zappé le Ministère de la Santé en aspergeant sa façade de «faux sang» et en bloquant son entrée principale par une banderole sur laquelle était écrit «HONTE». Aux cris de «Douste-Blazy méprise les malades» et «Douste-Blazy veut faire des économies sur nos vies», les activistes entendaient dénoncer les menaces que représente (notamment pour les séropositifVEs) le projet de réforme de l’assurance-maladie en terme d’accès aux soins, de prise en charge ou même de remise en cause du secret médical. Les activistes ont été très violemment interpellés par les forces de l’ordre alors même que des interlocuteurs du Ministère leur avait assuré qu’il n’en serait rien.
L’ensemble du projet de loi sur l’assurance maladie de Philippe Douste-Blazy repose sur la rhétorique de la fraude, à laquelle nous a habitué l’UMP depuis deux ans. Encore une fois la solution présentée comme nécessaire et inéluctable est la répression et l’exclusion. Nous dénonçons l’ensemble de ce projet de loi, incompatible avec une véritable politique de santé publique, et particulièrement certains articles qui auront une conséquence désastreuse dans la prise en charge des séropositifVEs :
– l’impôt sida : la mise en place d’une contribution forfaitaire des usagèrEs pour chaque consultation est une entrave directe à l’accès aux soins pour touTEs. Fixée à 1 euro par le gouvernement, elle sera régulièrement augmentée par l’Union Nationale des Caisses d’Assurances Maladie. Cette contribution éloignera des soins les personnes les plus malades et les plus précaires. Pour nous séropositifVEs l’instauration de cette contribution mettra un terme à la prise en charge à 100% des consultations liées à notre maladie, et agira comme un véritable impôt sida.
– l’exclusion des soins : Philippe Douste-Blazy entend faire passer les malades atteintEs d’Affections de Longue Durée (ALD) pour des fraudeurSEs. Il s’apprête à mettre en place un système coercitif et répressif autour des protocoles de soins qui encadrent la prise en charge à 100% des ALD. La définition a priori, et non au cour des consultations, de ce qui est lié à l’ALD et de ce qui ne l’est pas, est aussi absurde que dangereuse. Le ministère s’avoue d’ailleurs incapable de préciser la forme que pourrait prendre de tels protocoles. Cela entraînera, quoiqu’il en soit, un très net recul dans la prise en charge des personnes séropositives.
– la carte de séropositivité : Philippe Douste-Blazy veut imposer aux malades atteintEs d’ALD, de posséder un document papier faisant état de leur pathologie, sans que rien ne puisse garantir que les malades pourront tenir secret ce document. Une telle obligation est en totale contradiction avec le respect du secret médical, et fait le jeu de la stigmatisation des séropos.
– la mise sous silence des malades : des recommandations de soins de la Haute Autorité à l’élaboration des protocoles individuels, la parole des malades est sciemment mise à l’écart par le projet de réforme. Nous connaissons les conséquences d’une telle mise sous silence de l’expertise à la première personne : ignorance des effets secondaires de nos traitements, difficulté d’accès aux soins qu’ils nécessitent, infantilisation des malades… Cette situation sera aggravée par l’obligation pour les malades de passer par des dispositifs coordonnés de soins, ce qui représente une atteinte inadmissible au droit de choisir nos médecins.
Act Up-Paris exige de Philippe Douste-Blazy qu’il abandonne son projet de réforme répressif et anti-social, et qu’il se décide enfin à mettre en place une véritable politique de santé publique, qui permette l’accès aux soins pour touTEs, respecte le secret médical, et prenne en considération le point de vue des malades.