Une session de la série « Meet the leaders » a été organisée à propos de la politique globale sur la recherche vaccinale. Une présentation très intéressante dont il ressort :
– qu’elle a permis d’identifier les positions et les partis-pris de chacun des intervenants, et par là des institutions qu’ils représentent (IAS, les gouvernements thaï et camerounais, le département néerlandais sur le développement etc.
– que le discours de chacun des intervenants peut évoluer favorablement pour aller jusqu’à des possibilités d’échange.
– qu’elle a permis d’obtenir des informations sur les investissements et le fonctionnement plus ou moins global de la recherche.
– que les institutions reconnaissent l’impact des activistes pour favoriser l’accès aux traitements ; elles vont même à demander notre aide pour obtenir un financement de la recherche vaccinale qui n’empiète pas sur le financement de l’accès aux soins.
Des perspectives à long terme : le temps doit être utilisé pour mettre en place le développement et l’accès.
Le ministre thaï a rappelé l’importance des recommandations concernant le développement vaccinal et les recherches sur les microbicides, tant sur les enjeux éthiques que sur les données scientifiques… Et ceci est d’autant plus vrai que la recherche doit être menée dans les pays les plus touchés, c’est-à-dire ceux du Sud, parce qu’ils en auront le plus besoin.
Il est également nécessaire, a insisté la représentante de la Hollande sur les questions vaccinales VIH, d’anticiper les questions relatives à la propriété intellectuelle qui y seront liées ainsi que la production et la distribution des produits.
Le ministre ougandais a précisé que les moyens disponibles dans les structures de soins des pays en voie de développement (PVD), si faibles soient-ils, devront être mis à contribution, comme c’est le cas par exemple avec la lutte contre la polio. D’une certaine manière, il semblait dire que les PVD réussiront à atteindre les gens et qu’il fallait avoir confiance et ne pas bloquer les avancées sur les recherches vaccinales comme cela a été fait pour l’accès aux traitements.
«Qu’en est-il de l’investissement activiste (ou de son absence)» ? [Zackie Achmat de TAC]
Déception et attentes : Les PWAs (People living With Aids, personnes vivant avec le VIH / sida ) se sont sentis flouées, l’information sur la recherche et les vaccins a souvent été partielle et partiale. Selon lui, les scientifiques n’ont pas été à la hauteur. De faux espoirs sur les délais ou de mise en place ont eu un impact majeur sur la prévention. Il faut donc d’abord démystifier l’idée du vaccin auprès de la communauté des personnes touchées. Si la communauté reçoit une information intelligente, elle y répondra intelligemment.
Zackie a également mis en évidence que la coopération entre la recherche vaccinale et la recherche sur les microbicides est indispensable, de même qu’entre la recherche sur la vaccination de la tuberculose et la recherche vaccinale VIH.
Par ailleurs, il faut utiliser le travail qui doit être fait sur la mise en place d’une vaccination large, dans lequel la communauté des personnes touchées doit être investie, pour favoriser la vaccination sur d’autres pathologies : tuberculose, hépatite B, etc…
Une question de volonté politique… et de marché
Selon le ministre ougandais, le Nord doit apporter l’argent et la technologie en sachant que la recherche vaccinale ne pourra s’appuyer sur des dynamiques de marché : les personnes qui ont le plus besoin du vaccin aujourd’hui n’ont pas l’argent pour l’acheter.
Cette session a eu également le mérite de mettre en évidence que les financements nécessaires à la recherche vaccinale viendront s’ajouter à ceux nécessaires pour l’accès aux traitements qui, comme chacun sait, sont largement insuffisants. Une évidence que semblaient oublier les intervenants de cette session.Il y a fort à parier que si ces gens-là l’oublie, il va falloir lutter pour que les bailleurs ne fassent pas de même.
Impressions
Au-delà d’une impression générale positive, cette session où la langue de bois était moins présente qu’habituellement, nous retiendrons essentiellement ceci :
– une grande confusion règne autour des questions relatives au vaccin et au microbicide. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer : ils devraient être des outils de prévention, parce qu’ils sortent du domaine thérapeutique habituel ; ils offrent des moyens nouveaux pour sauver les femmes qui ne disposent d’aucun outil de prévention ; la recherche n’envisage pas les microbicides et les vaccins séparément, mais uniformément ; les essais réalisés dans les pays du Sud affrontent à chaque fois les mêmes problèmes éthiques.
– cette session incite vraiment à s’intéresser de plus près aux conclusions de la deuxième rencontre sur l’organisation internationale de la recherche vaccinale qui s’est tenue à Dublin, à la fin du mois de juin, et dont on a peu entendu parler. Huit points ont été mis en avant lors de cette rencontre : il faut évaluer l’argent nécessaire pour pouvoir en demander plus ; la recherche sur les nouvelles technologies de prévention doit être envisagée globalement ; l’investissement des PVD doit être optimisé ; le vaccin doit être considéré comme un bien public vital ;il faut donc appeler à l’investissement du secteur privé dans ce sens , même si le vaccin n’a pas d’intérêt économique pour lui ; la recherche économique et sociale doit être développée ; la recherche vaccinale implique ensuite un large accès dans les pays destinataires, et les financements nécessaires pour mettre en place une production et une distribution efficace ; la mise en place d’un agenda commun permettant d’améliorer la coordination et la collaboration de tous les enjeux de cette recherche ; on ne peut s’empêcher de rire et de pleurer à la fois en écoutant Lewis, représentant des Nations Unies, citer ce que représente la recherche vaccinale à l’échelle mondiale comparativement au coût de la guerre en Irak et appeler à la mobilisation des activistes pour faire avancer les positionnements et l’investissement des leaders politiques…
Waiting for Toronto ?
Les intervenants ont été nombreux à souhaiter que les représentants politiques s’emparent de ces questions lors de la prochaine conférence internationale qui se déroulera à Toronto (Canada). Mais deux ans, c’est long…