Fin juin, la SAGI, bailleur «social», expulse d’un appartement parisien un malade gravement atteint.
Michel vivait dans ce logement depuis plus de 10 ans.
Le sida avec lequel il vit a, entre autres, provoqué des dommages neurologiques et psychiques qui entraînent une perte de la mémoire immédiate. Michel oublie régulièrement ce qu’il a fait quelques instants auparavant. C’est cette personne que la SAGI a expulsée, en connaissant parfaitement son état de fragilité extrême. Le jour-même de l’expulsion, Michel a erré dans les rues de Paris, pendant plus de 24 heures, sans que ses proches, mortEs d’inquiétude, ne sachent où il se trouvait, ce qu’il faisait, s’il prenait ses traitements. Aucun accompagnement, aucun suivi n’a été entrepris.
Quelques jours auparavant, Michel avait reçu une convocation des services sociaux de quartier afin de trouver des solutions contre l’expulsion. Michel avait oublié de s’y rendre. L’assistante sociale, qui connaît pourtant les troubles de Michel, a donc décidé que l’expulsion était légitime et que Michel l’acceptait. Elle n’a évidemment rien entrepris pour contacter Michel avant qu’il ne se retrouve à la rue. Bel exemple de professionnelle du social qui se met au service des organes de contrôle.
Mais la palme de l’abjection revient à la SAGI. Elle a bel et bien décidé de se débarrasser d’un «nuisible». Qu’est-il en effet reproché à Michel ? Des impayés, bien sûr, mais surtout des troubles du voisinage. Or, une chose est sûre, des troubles ont commencé il y a deux ans, quand Michel a fait une apparition télévisée dans un reportage consacré au vécu des séropositifVEs, où il parlait ouvertement de son homosexualité et de son sida. Depuis la diffusion de ce reportage, Michel n’a cessé d’être harcelé par un de ses voisins (insultes, bris de boîtes aux lettres, graffitis, etc.).
Au lieu de résoudre le différend, la SAGI a préféré l’éliminer. Mettre un malade du sida amnésique à la rue, il fallait l’oser.
Mais le bailleur n’en est pas resté là. En août, alors même que les proches de Michel cherchent des solutions de relogement et un local pour stocker ses affaires, nombreuses, auxquelles il est profondément attaché, la SAGI fait savoir qu’elle se débarrassera de ses effets personnels si nous ne venons pas les chercher dans les plus brefs délais. Il faudra zapper par téléphone et fax le siège social pour obtenir la garantie que ses affaires seront conservées le temps nécessaire.
Aujourd’hui, Michel, toujours sous le contrecoup de son expulsion qui marque la fin d’une vie, a été hospitalisé depuis plus de deux mois. La SAGI en est la première responsable.