Fin mai 2004. Didier Lestrade rend public son départ d’Act Up-Paris, l’association qu’il a co-fondée, et crée le collectif Warning. A cette occasion, il publie un communiqué dans lequel il attaque des militantEs d’Act Up, dont l’actuel Conseil d’administration, nous reprochant notamment notre manque d’investissement sur la question de la prévention chez les pédés ou du bareback. Nous ne tenons pas à rentrer dans une querelle stérile avec Didier Lestrade, nos actions lui répondent suffisamment.
Une de ses accusations exige toutefois une mise au point. Il prétend que nous aurions exagéré la crise financière que l’association traverse pour affirmer finalement, lors de l’Assemblée générale de mars 2004, que tout allait bien et qu’il n’y avait pas de crise. Ces propos sont mensongers.
Lors de l’ Assemblée générale de septembre 2003, l’exercice comptable de l’année passée (1er juillet 2002 – 30 juin 2003) faisait apparaître une perte de 32 746 euros, pour un total de produits de 908 864 euros et un total des charges de 941 610 euros. Ces comptes ont été approuvés par notre cabinet d’expertise comptable. Par ailleurs, le prévisionnel des dépenses pour les 6 mois à venir laissait apparaître, si Act Up-Paris continuait sur ses financements habituels, une perte de 10 000 euros
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La crise n’a donc en rien été exagérée. A cette réalité comptable s’est ajoutée, à partir de novembre, une crise de trésorerie. En effet, comme pour beaucoup de structures, la plupart de nos financements d’importance n’arrivent qu’au printemps. Dès novembre, les projections de trésorerie étaient extrêmement inquiétantes. Si nous n’avions rien fait, nous nous serions trouvéEs en situation de cessation de paiement à compter de février 2004, et ce, quelles qu’aient été nos perspectives de financement.
C’est la raison pour laquelle nous avons communiqué sur notre situation financière. Cette communication a eu un impact certain. Notre appel à dons a ainsi rapporté 23 149 euros, contre 13 836 euros l’année précédente. Des concerts et actions de soutien, réalisés en urgence suite à nos appels, ont de plus permis d’obtenir des fonds importants. S’y sont enfin ajoutées des entrées d’argent que nous n’attendions plus : des retards de paiement de l’ANPE sur des emplois aidés ou des dommages et intérêts perçus dans le cadre du procès Beljanski, par exemple.
Fait exceptionnel, l’exercice comptable n’a duré que 6 mois. Il s’agissait pour Act Up-Paris d’aligner son calendrier comptable sur l’année civile. Le résultat de cet exercice de transition, présenté au cours d’une Assemblée générale exceptionnelle en mars 2004, fait apparaître un bénéfice comptable de 31 886 euros pour un total de produits de 363 071 euros et un total de charges de 331 184 euros. Ces comptes ont été approuvés par le cabinet d’expertise comptable. Ce résultat positif a permis de reéquilibrer nos comptes, eu égard au déficit de l’exercice précédent 32 746 euros : la balance a été remise à zéro. C’est ainsi que l’exercice a été présenté à l’Assemblée générale de mars dernier.
Mais ce résultat comptable, encourageant pour la pérennité de notre association, n’a en rien résolu la crise de trésorerie, pour laquelle, à partir de janvier 2004, nous avons dû mettre en place des mesures d’économies (non-remplacement de salariés sur le départ, diminution de nos publications, impossibilité d’appeler des portables depuis le local d’Act Up, etc.). Ce n’est évidemment pas de gaieté de coeur que ces mesures, qui impliquent une diminution de notre activité, ont été prises. Nous n’avions simplement pas le choix. Ce rappel le montre bien : en aucun cas on ne ne peut affirmer que la crise financière, dont nous sortons à peine, aurait été exagérée.