Etude de phase I/II, randomisée, en double aveugle, d’escalade de dose évaluant la sécurité d’emploi, la tolérance, la pharmacocinétique et l’efficacité du Bay 50-4798 administré par voie sous-cutanée chez des personnes vivant avec le VIH sous HAART comparés à des personnes traitées par HAART seul.
Qui peut participer à cet essai ?
Cet essai s’adresse à des personnes séropositives qui suivent un traitement antirétroviral donnant des résultats stables depuis plus de 8 semaines : charge virale inférieure à 10 000 copies/ml (4 log), CD4 supérieurs à 200/mm3 et sans complications. Le bénéfice possible étant un gain de CD4, il est plutôt intéressant pour des personnes qui auraient besoin d’une remontée de l’immunité. Il ne faut pas avoir fait de maladie opportuniste, ne pas avoir subi de greffes ou avoir été vacciné récemment. Une méthode contraceptive est obligatoire pendant cet essai non-accessible aux femmes enceintes. Au minimum 32 personnes (4 cohortes de 8 personnes) seront recrutées pour la phase I et au minimum 42 personnes complémentaires pour la phase II dans 13 centres dans le monde.
En quoi consiste cet essai ?
L’interleukine II (IL-2) est une substance naturelle du système immunitaire qui lui sert de signal pour coordonner l’action des cellules. Sa présence stimule ces dernières et provoque leur multiplication. Il est le médiateur naturel permettant l’augmentation rapide de la réponse immunitaire face à un agent infectieux. Le laboratoire Chiron produit depuis de nombreuses années une copie de l’IL-2 naturelle, le Macrolin®, qui a fait l’objet de nombreuses études chez les séropositifs (Malgré des résultats évidents en nombre de CD4, le bénéfice de l’IL-2 qu’en tiraient les malades est incertain, c’est pourquoi, ce produit n’est distribué actuellement qu’avec une ATU de cohorte). Le but a toujours été d’accélérer la multiplication des CD4 pour faire face à leur destruction par le VIH. Son emploi provoque des effets indésirables assez pénibles mêmes s’ils disparaissent à l’arrêt du traitement : douleurs musculaires, fièvres, maux de tête, en résumé, un syndrome grippal. La firme Bayer propose dans cet essai une nouvelle imitation de l’IL-2, dénommée pour l’instant « Bay 50-4798 ». L’essai consiste à tester les propriétés de ce nouveau produit dans le même contexte que son homologue de Chiron en espérant qu’il fera mieux et qu’il aura moins d’effets indésirables.
Malgré des résultats évidents en nombre de CD4, le bénéfice de l’IL-2 qu’en tiraient les malades est incertain, c’est pourquoi, ce produit n’est distribué actuellement qu’avec une ATU de cohorte.
Quel est l’objectif de l’essai ?
L’objectif principal de cette étude est de déterminer le profil de sécurité d’emploi, la dose maximale tolérée, la dose optimale et l’efficacité liée à la dose (par rapport au taux de CD4) du Bay 50-4798. Il étudiera aussi l’évolution du produit injecté, son efficacité sur l’immunité. Une recherche du questionnaire de qualité de vie le plus pertinent sera aussi menée.
Comment se déroule l’essai ?
Les personnes inclues dans l’essai recevront dans la 1ère phase, par intermittence, soit des injections sous-cutanées du Bay 50-4798, soit de placebo, en plus de leur traitement antirétroviral habituel. L’inclusion se fera par groupes, hospitalisés systématiquement, en augmentant progressivement les doses de produit utilisé. Lorsque la dose maximale tolérable sera connue, le recrutement sera terminé dans cette 1ère phase. Dans la 2ème phase, tous les participants et des personnes supplémentaires recevront le produit actif à sa dose optimale, selon trois modes d’administration différents : soit en 3 cycles de 5 jours toutes les 8 semaines, soit en 3 cycles espacés de 4 semaines, soit en 6 cycles espacés de 4 semaines. Dans la mesure du possible, le traitement antirétroviral restera inchangé. De la pré-inclusion à la fin de l’étude, de nombreuses visites sont prévues. Chaque visite comprend tous les examens nécessaires à un suivi détaillé. Le nombre de visites pour une personne dépend de la place qu’elle a dans l’étude. Une fois inclus, la durée de cette étude est estimée à 24 mois, si la dose maximale tolérée est déterminée au sein des 8 premières cohortes de traitement. A l’issue de l’essai, ceux qui souhaitent poursuivre le traitement par le Bay 50-4798 en bénéficieront par le biais d’un protocole d’accès élargi sous réserve de l’accord des autorités sanitaires et des résultats probants du présent essai.
C’est un essai multicentrqiue : USA : 11 centres ; Grandre Bretagne : 1 centre ; France : 1 centre.
Notre avis
Cet essai ne mettra pas tout le monde d’accord sur l’intérêt réel de l’IL-2, mais devant le désintérêt progressif de Chiron, l’apparition d’une firme qui relance le débat est de bon augure. Si l’usage de l’IL2 a permis à certains malades de voir leurs défenses immunitaires regonflées en un temps record, il rebute aussi toutes celles et ceux qui redoutent les effets indésirables du produit, en plus de l’administration par injections sous-cutanées. Il s’agit de tester un produit dont on ne connaît pas encore la réelle efficacité ni les effets secondaires mais dont le laboratoire espère, résultats préliminaires à l’appui, qu’il fera largement mieux que son concurrent, tant en efficacité qu’en effets indésirables. Les participants subiront beaucoup de contraintes car les visites, les examens et les prises de sang sont nombreux en revanche, ils pourraient aussi récupérer pas mal de CD4, mais il ne faut pas vendre la peau de l’ours…
Qui contacter ?
– Investigateur principal :
Pr Yves Levy
Hôpital Henri Mondor de Créteil
01 49 81 84 55
– Permanence d’Act Up :
mardi, mercredi, jeudi, de 9 H à 13 H au 01 49 29 44 82