Jeudi 18 novembre, huit militantEs d’Act Up-Paris se sont invitéEs à l’administration de l’hôpital André Grégoire de Montreuil-sous-bois suite au harcèlement moral, et à l’exclusion des soins qu’une malade y a subie.
Rappel des faits (extrait de notre dossier pour le 1er décembre : «Combien coûte nos vies ?»)
Joëlle est venue en France pour rendre visite à son fils. Elle a dû être hospitalisée d’urgence et a découvert lors de ses examens un cancer du col de l’utérus ainsi qu’une séropositivité au vih. N’étant pas en France depuis plus de trois mois, elle n’a pas pu bénéficier de l’Aide Médicale d’Etat. Puisqu’elle ne pouvait être prise en charge, le médecin du service de néphrologie a alors entrepris un véritable harcèlement moral à son encontre pour qu’elle quitte l’hôpital. Un jour il la rendait responsable du déficit de la sécurité sociale, un autre il lui demandait de rentrer chez son fils pour le week-end, et un autre encore elle a vu sa chambre donnée à un autre patient pendant qu’elle était au bloc opératoire et a ainsi dû passer la nuit sur un brancard. Pire, ce médecin a fait empêcher un traitement par laser de son cancer du col. Aujourd’hui Joëlle. a dû changer d’hôpital pour avoir accés aux soins qui lui sont nécessaires et qui ne peuvent être pris en charge par l’Aide Médicale d’Etat du simple fait qu’elle n’est pas en France depuis plus de trois mois.
Mépris de la parole des malades
Face à cette situation inacceptable, huit militantEs d’Act Up-Paris ont fait irruption dans l’administration de cet hôpital. Celle-ci mise au courant de notre venue par le ministère de la santé (selon les propos du directeur de l’hôpital), avait fait appel aux forces de police pour nous empêcher d’entrer. Nous avons cependant réussi à atteindre le bâtiment de l’administration, et a obtenir un rendez-vous avec M. Massa, directeur de l’hôpital, le docteur Belenfant, et les autres médecins ayant suivi cette personne atteinte de poly-pathologie.
Face à notre colère leur réaction a été une défense corporatiste au mépris de la parole de la malade et de son fils, témoin du harcèlement moral qu’elle a subi. Ils nous ont expliqué que l’hôpital ne faisait pas de discrimination (fort heureusement) et que s’il y a eu un problème il s’agissait d’un cas particulier et d’un malentendu, que le fait de dormir sur un brancard dans un couloir après avoir vu sa chambre donnée à un autre malade était courant dans cet hôpital, que rendre responsable cette malade du déficit de la sécurité sociale n’était rien autre que l’informer des «problèmes sociaux». Malgré nos questions répétées, le Docteur Belenfant n’a, à aucun moment, infirmé les propos que nous lui attribuions. Cependant le directeur de l’hôpital a préféré mettre en cause la parole d’une malade, plutôt que la respectabilité d’un médecin. C’est sur un tel mépris de la parole des malades que nous n’avons décidé de quitter ce rendez-vous.
Le principe de base l’AME était de permettre à une personne de se soigner quand sa santé le nécessite et qu’elle n’a pas d’autre possibilité de prise en charge. En instaurant un délai de carence de trois mois en 2002, le gouvernement remet en cause ce principe dans son essence et endosse la pleine responsabilité de telles situations. En démantelant l’Aide Médicale d’Etat, l’UMP applique au système de soins une politique de préférence nationale. Les médecins qui se rendent complices d’une telle logique vont à l’encontre des fondamentaux éthiques de leur profession.