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« Les pédés de ton espèce, il faut les gazer, mais avant il faut leur rentrer un fer rouge dans le cul ! » ; « si tout le monde est homo, la terre se dépeuplera vite » ; « c’est les homosexuels qui nous amènent le sida » ; « les animaux sont dix fois plus intelligents que les homosexuels » ; « le comportement homosexuel est évidemment une menace pour la survie de l’humanité ». Cherchez l’intrus. Vous ne trouvez pas ? C’est pourtant simple : tous ces propos sont extraits de courriers reçus [[ Une sélection de ces courriers a été publiée par Serge Simon ]] par Noël Mamère après le mariage de Bègles, sauf le dernier, tenu le 7 décembre 2004 par un député UMP, au cours d’une séance à l’Assemblée nationale consacrée à la répression des propos homophobes. Pour le reste, la haine est la même. Les propos exacts de Christian Vanneste sont les suivants : « l’idée même d’homophobie tend à accréditer l’idée que le comportement homosexuel a la même valeur que d’autres comportements, alors qu’il est évidemment une menace pour la survie de l’humanité ». À des journalistes, il ajoute afin de lever toute ambiguïté : « l’homosexualité est un comportement culturel, acquis, de l’ordre du réflexe sans doute acquis dans un âge précoce, mais comme tous les comportements réflexes plutôt négatifs, on peut parfaitement l’inhiber ou le rééduquer ». Tout un programme Rhétoriquement, Christian Vanneste n’hésite pas à utiliser les plus grosses ficelles : l’invocation de son statut d’expert (« je suis philosophe de formation, je connais cette question par cœur ») pour invalider la parole des premièrEs concernéEs, qui pourtant connaissent bien mieux « cette question » pour la vivre quotidiennement ; le recours démagogique à la majorité silencieuse par le méchant-lobby-gay (« un terrorisme politique et culturel est en train de s’installer insidieusement pour nous empêcher d’exprimer des opinions – qui sont en plus partagées par la majorité silencieuse ») ; l’hypocrisie qui consiste à parler de « comportement homosexuel » pour se défendre ensuite de s’en prendre à des personnes, comme s’il y avait un comportement sans les gens qui l’incarnent. Rien de nouveau, donc, sous le soleil de l’homophobie. On pourrait s’amuser des craintes de Christian Vanneste pour qui, donner des droits aux homosexuelLEs, serait encourager l’homosexualité, ce qui serait dangereux pour la société et l’humanité, car ma bonne dame, il faut bien se reproduire. Un tel raisonnement fondé sur l’idée que des hommes et des femmes pourraient se révéler homosexuelLEs si on les protégeait en tant qu’homos et qu’on leur assurait l’égalité des droits, montre bien à quel point Christian Vanneste, quoi qu’il en ait, est peu sûr de l’hétérosexualité fondatrice, matricielle et normative qui fonderait la survie de notre société. Mais on a peu envie d’être ironique face à la violence des propos du député. En refusant toute légitimité à l’idée d’homophobie, il refuse par avance toute action de prévention et de prise en charge des actions et des propos de cette nature. En parlant de menace pour la survie de l’humanité, il cautionne explicitement au titre de la légitime défense toute agression homophobe à venir : puisque les pédés, les gouines et les trans sont autant de menaces contre l’humanité, autant s’en prémunir par tous les moyens. La stratégie de Nicolas Sarkozy, qui trouve les propos de Christian Vanneste « intolérables » mais refuse de l’exclure, est claire : afficher un caractère ouvert et gay friendly pour satisfaire l’électorat le plus progressiste, et tolérer comme part intégrante des débats les propos les plus immondes, les personnes les plus homophobes, pour conserver les électeurs et électrices les plus réactionnaires. Comme tous ses engagements, l’homophilie de Nicolas Sarkozy n’est qu’un prétexte pour asseoir son pourvoir. Les propos de Christian Vanneste tomberaient-ils sous le coup des amendements réprimant les propos homophobes Les premières jurisprudences l’indiqueront, mais rien n’est moins sûr, à voir les réactions effarouchées de tous ceux et celles qui, du Figaro au Canard enchaîné, de la Commission consultative des droits de l’homme à Christine Boutin, en passant par Reporters sans frontières, entament en chœur l’air de la liberté d’expression quand on insulte et rabaisse les femmes, les pédés, les trans et les gouines. Où sont-elles, ces bonnes âmes, quand les dirigeantEs d’Aides Toulouse se voient condamnéEs par l’AGRIF, association d’extrême droite qui détourne le combat anti-raciste, pour avoir mis en place une campagne de prévention intitulé « Sainte-Capote protège-nous » ? Parce qu’ils, elles, ont réinvesti, comme les Sœurs de la perpétuelle indulgence, une imagerie religieuse au service d’un discours de promotion du préservatif, les responsables associatifVEs ont donc été condamnéEs le 13 janvier par la cour d’appel. Ceux et celles qui combattent la pénalisation des propos homophobes au nom de liberté d’expression ne se sont pas fait beaucoup entendre. On attend toujours qu’ils et elles nous expliquent pourquoi « sale pédé » serait de la liberté d’expression et pas une campagne de prévention du sida. Le 27 janvier, 8 militantEs D’Act Up-Paris sont passéEs devant le Tribunal de grande instance de Paris pour répondre de « dégradation de monuments publics » pour avoir couvert de faux sang les grilles et les murs de l’Elysée. Où étaient les partisanEs de la liberté d’expression ? Visiblement, pour eux et pour elles, celle-ci ne recouvre pas les manifestations, légitimes à défaut d’être légales, face à un Président qui ment dès qu’il parle de sida. Engager financièrement la France puis affirmer trois ans plus tard qu’on ne pourra pas tenir cette promesse, faire payer aux plus malades le trou de la Sécu, démanteler l’Aide médicale de l’état, etc : il est de notre devoir de dénoncer les pratiques de Jacques Chirac. Parce qu’ils et elles l’ont fait, les 8 activistes risquent une condamnation et un casier judiciaire. Les thuriféraires de la liberté d’expression, eux, elles, ne disent rien. Les tentatives de museler l’expression militante se multiplient. En décembre dernier, une proposition de loi avait été déposée, visant à criminaliser les appels à la désobéissance civile. Le député qui l’avait proposé s’appelle Christian Vanneste.

 

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