Il y a 30 ans la loi Veil a été une victoire fondamentale dans le combat des femmes pour la libre disposition de nos corps. Aujourd’hui ce combat doit aussi intégrer la lutte contre le sida, au côté de la défense du droit à l’avortement et à la contraception. Il y a urgence, car nous représentons 58 % des contaminations lors de rapports hétérosexuels.
Nous sommes en première ligne mais notre sexualité continue d’être passée sous silence. Silence des pouvoirs publics qui ne se donnent pas la peine de mener de vraies campagnes de prévention en direction des femmes. Silence autour du fémidon, le préservatif féminin qui reste inconnu du grand public et difficilement accessible notamment à cause de son prix. Absence d’éducation sexuelle dans les programmes de l’Education nationale. Informations dissociées par les médecins et les gynécologues sur la contraception et sur la prévention : il est temps de considérer la sexualité des femmes dans sa globalité ! Notre sexualité est encore stigmatisée et le préservatif reste difficile à imposer. Trop souvent on se retrouve seule à le demander et à devoir le justifier. La question est alors détournée en un problème de confiance : n’aurait-on pas confiance dans le partenaire ou ne serait-on soi-même pas « fiable » ? Derrière cette question de confiance se cache en réalité celle de la honte : il faudrait avoir honte d’être malade ? Il faudrait avoir honte d’une vie sexuelle assumée avec les partenaires que l’on se choisit ? Cette situation est aggravée au sein des couples, où l’abandon du préservatif apparaît comme une norme, et où la fidélité est érigée en pratique de prévention. Mais que se passe-t-il si les rapports hors du couple ne sont pas non plus protégés ? Est-il toujours possible d’en parler avec son partenaire ? À quel prix ? Avoir la maîtrise de sa sexualité, c’est aussi avoir la maîtrise de ses pratiques de prévention. Cela reste un combat que nous devons mener, pour ne plus avoir à nous justifier d’imposer le préservatif