Hervé Gaymard a annoncé ce matin sur France Inter qu’il défendrait ce week-end à la réunion des ministres des Finances du G7 à Londres l’idée d’une taxe internationale pour financer les traitements pour les malades du sida des pays pauvres. Ceci représente une très bonne idée à long ou moyen terme, mais ne répond pas à l’urgence de l’alarme sonnée par l’OMS il y a 10 jours au forum de Davos : 2 milliards de dollars doivent être débloqués par les pays riches dans les prochaines semaines, sans quoi le programme lancé en 2003 pour prodiguer des traitements sida à 3 millions de malades d’ici la fin de l’année échouera, avec les conséquences humanitaires que l’on sait.
Mercredi 26 janvier à Davos, le Directeur-Général de l’OMS a révélé qu’au moins 2 milliards de dollar manquent toujours pour réaliser le programme «3×5» (3 millions de malades du sida sous traitement d’ici fin 2005), lancé par les Etats membres de l’OMS le 1er décembre 2003.
Face à cette urgence, la France n’a toujours proposé aucune mesure financière. Le 1er décembre dernier, le Ministère des Affaires Etrangères confirmait la stagnation de l’effort français en matière de lutte contre la pandémie à 200 millions de dollars cette année. Par contraste, Tony Blair avait de son côté annoncé un doublement de 450 à 900 millions de dollars. A noter, Tony Blair a su dégager cette somme du budget régulier de l’Etat britannique ; il n’a pas placé comme pré-requis la mise en place de taxes internationales avant de mettre la main à la poche.
Les taxes internationales, pour essentielles qu’elles soient à long terme, ne constituent en rien une réponse à la crise actuelle du financement de la lutte contre le sida. Ne serait-ce que parce que s’y opposent avec véhémence les Etats-Unis (que ce soient les Républicains ou les Démocrates) et le Japon qui, à eux deux, concentrent déjà 40% du PNB de la planète.
Jacques Chirac doit donc commencer par tenir les engagements qu’il a déjà pris (à l’ONU le 27 juin 2001, au G8 le 22 juillet 2001), et aligner la contribution française à la lutte contre le sida en 2005 sur celle de la Grande Bretagne (soit 900 millions de dollars), et affecter l’augmentation au sauvetage de l’initiative «3×5», dont dépend la vie de 3 millions de malades du sida.