Aujourd’hui, une douzaine de militantEs d’Act up-Paris et du Groupe Activiste Trans (GAT) ont interrompu un colloque organisé à Sainte-Anne et réservé aux psychiatres, internes en psychiatrie, psychologues, étudiantEs en psychologie et autres soignantEs en santé mentale. Ils entendaient protester contre la psychiatrisation et la haine qu’exercent les organisateurs de ce colloque sur les personnes transgenres. Nous voulions confronter notre expertise à celle qu’ils nous imposent mais les organisateurs ont préféré inviter les participants à sortir de la salle dès notre entrée. Répondant à nos invectives sur le fait que nous n’ayons pas été invitéEs, Thierry Gallarda, l’un des coorganisateurs, nous a demandé sur un ton exaspéré : «Vous êtes psy ?».
Ce colloque excluait volontairement les expertEs les plus légitimes de la question trans : les trans elles/eux-mêmes. Les psychiatres parlent à la place des trans, la psychiatrie stigmatise les trans, comme l’exposé des objectifs généraux de ce «séminaire clinique» le prouve. On annonce que seront abordés «les troubles de l’identité sexuée tour à tour en lien avec le champ de la psychose» ou encore «la thématique du passage à l’acte et de la perversion». Pour les psys, les trans n’existent pas en dehors de leurs supposés troubles systématiques de la santé mentale.
Ce séminaire était co-organisé par Colette Chiland, spécialiste de la haine envers les trans. Dans ses ouvrages, (Changer de sexe, son «Que sais-je» sur le transsexualisme), elle étale les pires poncifs sur les homos et les trans. Accorder des droits aux homos et aux trans ? «Une atteinte aux fondements de la civilisation» selon elle. La demande élémentaire des trans d’être appeléEs selon son genre d’adoption ? «On ne peut plus utiliser l’opposition transsexuels-transsexuelles car on ne sait plus qui veut dire quoi». A propos d’un de ses patients, elle écrit «Il attirait l’attention en se présentant comme un repoussoir à la relation» – et c’est ce modèle-là que l’Université propose à ses étudiants ?
Pour Colette Chiland, «l’idée de changement de sexe est une idée folle». Ce séminaire est l’application de ce préjugé lamentable. Pour les psys, nous ne pouvons exister que fou/folles, perverSes, dépriméEs. Nous continuons à leur montrer ce que nous sommes : fierEs et combattifVes, en colère contre leurs opinions haineuses.
Nous exigeons :
– de Colette Chiland, qu’elle se taise ;
– que la question trans soit dépsychiatrisée ;
– que les trans participent aux séminaires abordant ce sujet, et aux groupes de travail pour l’amélioration de l’accès aux soins et de leur prise en charge.