Précédent de quelques jours la sortie de l’enquête de l’InVS, le Collectif hépatites virales (CHV) a lancé une alerte sur le nombre de personnes touchées par le VHB en France.
L’enquête nationale de prévalence de l’hépatite B, menée par l’InVS en 2003/2004, a enfin révélé ses résultats. Le constat est glaçant et les résultats alarmants : de 150 000 personnes touchées environ au début des années 1990, on atteint les 300 000 aujourd’hui ! Ces 300 000 personnes sont contaminées par un virus particulièrement transmissible, que l’on sait prévenir mais non guérir, et qui est responsable de cirrhoses et de cancers du foie.
Les personnes les plus touchées sont celles qui sont déjà les plus exposées à un risque de contamination virale : personnes ayant des partenaires sexuels multiples, consommateurs de drogues, personnes incarcérées, personnes d’origine d’Afrique subsaharienne, etc. La tranche générationnelle des 18-29 ans est l’une des tranches d’âge les plus touchées par l’hépatite B (0,93 %) avec celle des 50-59 ans (0,99 %), sans oublier les bénéficiaires de la CMU en situation précaire, toutes classes d’âge confondues (2,06 %).
Ces chiffres sont très inquiétants et pourtant il existe un vaccin efficace. Les associations représentant les personnes malades témoignent régulièrement des conséquences graves que provoque l’hépatite B et demandent que les pouvoirs publics relancent les campagnes de vaccination auprès des personnes exposées. Une conférence de consensus sur la vaccination contre l’hépatite B s’est tenue en septembre 2003, et a confirmé le bénéfice du vaccin chez les personnes les plus exposées. Ces recommandations sur la vaccination anti-VHB ont été re-confirmées lors d’une audition publique d’expertEs en novembre 2004 (www.anaes.fr). Malgré cela, l’immobilisme, le silence institutionnel persistent, des personnes continuent à se contaminer dans l’indifférence. Le CHV a donc exprimé son extrême inquiétude par voie de communiqué de presse devant cette situation grave pour la France, seul pays européen à être victime d’une telle inertie vis-à-vis de la vaccination contre l’hépatite B. Il est temps que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités et ouvrent les yeux. Car le constat est là, c’est le prix à payer de l’indécision et de l’aveuglement de ces dernières années.
Précarité
De son côté SOS hépatites, pointe l’aspect social des résultats de l’enquête de l’InVS. Les virus des hépatites B et C touchent particulièrement les personnes ayant une situation sociale précaire. Le taux de prévalence serait trois fois plus élevé chez les bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire. Pour l’hépatite C, l’enquête indique que 0,86 % des personnes interrogées présentent des anticorps anti-VHC. Ce résultat s’approche des taux issus d’autres enquêtes. Mais l’apport de l’enquête de l’InVS concernent le profil des personnes touchées.
Ce sont les personnes les plus précarisées économiquement, c’est-à-dire celles qui bénéficient de la CMU qui sont le plus touchées. Elles représentent 2,65 % des participantEs. Cependant cette enquête ne s’adressait qu’aux assuréEs sociaLESux, et ne permet pas de connaître la situation des personnes qui n’ont pas accès à une couverture sociale, qui sont donc plus précariséEs. Ainsi ces personnes cumulent souvent plusieurs facteurs de risque liés à leur sictuation sociales mais aussi liés à la transmission du virus. Trop nombreux sont encore celles qui découvrent leur séropositivité au VHB ou au VHC, alors que leur foie est déjà trop abîmé pour que les traitements puissent être efficaces. De plus, 49 % des porteurs chroniques de l’hépatite B ne sont pas dépistés. Or les hépatites virales peuvent souvent rester silencieuses malgré une destruction du foie souvent irréversible.
Les résultats de cette enquête doivent maintenant inciter les pouvoirs publics à réagir rapidement. Car on apprend également que le taux de prévalence des anticorps anti-HBc est estimé à 8,18 %, c’est-à-dire que près de 5 millions de personnes aurait été en contact avec le VHB en France.
Il y a urgence
Aussi une fois encore avec le CHV, et comme SOS hépatites nous demandons que les moyens souvent promis par les pouvoirs publics soient enfin mis en œuvre :
– la diffusion de campagnes de prévention ciblées en direction des personnes les plus exposées et l’organisation de leur dépistage ;
– une meilleure information du public général et des professionnelLEs de santé ;
– une relance de la vaccination des nourrissonNEs ;
– un rattrapage au cas par cas de la vaccination chez les personnes les plus exposées, dans le cadre d’une consultation médicale ;
– l’organisation de recherches complémentaires auprès des populations précarisées les plus exposées afin d’assurer une surveillance continue et réaliste de l’épidémie en France.
-Il nous faut valider la mise à disposition et la prise en charge de tous les derniers tests de dépistage plus fiables (VHB et Ag-Hbs)
– Il nous faut des études de validation des dépistages salivaires, sanguins à des fins épidémiologiques et éventuellement à des fins diagnostics
– Le VHB est difficile à dépister et les populations précaires sont difficiles à joindre, il faut donc des outils facilement transportables en direction de ces personnes.
– Il nous faut des recherches de traitements post exposition, suite à l’AMM du peg intérféron/ribavirine sur le VHB.