Aujourd’hui, mercredi 9 mars à Londres, Xavier Darcos et les autres ministres en charge du dossier de la lutte mondiale contre le sida se sont réunis autour du thème «Faire travailler l’argent disponible» et de la remise par ONUSIDA et les gouvernements de leurs dernières estimations des sommes requises afin de juguler la pandémie. Act Up-Paris dénonce l’arbitraire de la décision des pays riches et de l’ONUSIDA de réduire d’un tiers par rapport à 2004 les montants déclarés requis, alors même qu’ils reconnaissent que l’épidémie n’a fait qu’empirer.
Ainsi, par rapport aux chiffres rendus publics en juin 2004, l’ONUSIDA diminue son estimation des besoins financiers mondiaux de plus de 2 milliards de dollars (en passant de 12 à 9,7 milliards). L’agence n’offre pas la moindre explication à ce mystérieux bouleversement, annoncé à Londres par les ministres des 3 principaux financeurs de la lutte mondiale contre le sida (les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France).
De même, ONUSIDA affirme que les sommes disponibles au niveau mondial auraient augmenté de 40% cette année (de 6 à 8,3 milliards de dollars), ce qui est très surprenant dans la mesure où (hormis la Grande-Bretagne avec ses 400 maigres millions supplémentaires) aucun pays majeur n’a annoncé d’augmentation de sa contribution.
Pour la première fois de son histoire, en choisissant officiellement de ne plus inclure ces activités dans son calcul des besoins financiers mondiaux, ONUSIDA demande aujourd’hui aux pays riches d’arrêter de financer la prise en charge des 15 millions d’orphelins du sida, la prévention des contaminations chez les soignants (les fameuses «précautions universelles»), et le renforcement des infrastructures sanitaires dévastées par la dette du tiers-monde.
Le 26 janvier, L’OMS a estimé que 2 milliards de dollars manquaient cette année pour le seul volet «traitement» de la lutte contre la pandémie, alors que l’ONUSIDA affirme aujourd’hui que seuls 1,4 milliards manquent pour financer la prévention, le soutien et le traitement. L’envoyé spécial de Kofi Annan pour la lutte contre le sida en Afrique, Stephen Lewis, a lui aussi affirmé qu’il n’apportait pas son soutien à cette soudaine réduction des besoins.
Enfin, l’ONUSIDA et les pays riches décrètent dans leur communiqué qu’en 2007 ce ne seront plus 20 milliards de dollars qui seront nécessaires pour juguler l’épidémie, mais seulement 14 milliards — là encore, sans offrir la moindre justification pour cette miraculeuse réduction de coût.
Act Up-Paris dénonce la trahison par l’ONUSIDA de ses engagements envers les malades du sida du monde entier, ainsi que les manœuvres des pays riches, qui refusent que l’agence onusienne révèle au grand jour à quel point les sommes qu’ils veulent bien consacrer à la lutte contre la pandémie sont ridicules comparées aux besoins — qu’ils s’étaient pourtant engagés à financer lors de la session spéciale de l’Assemblée Générale des Nations Unies du 27 juin 2001. Nous exigeons qu’ONUSIDA rétracte ses nouvelles estimations tant qu’elle restera incapable de produire les éléments justifiant ce volte-face financier.