La description récente de cas de surinfections a démontré qu’une deuxième infection par une souche différente du VIH-1 était possible bien après l’infection initiale et qu’elle pouvait accélérer la progression de la maladie. Il s’agit ici de faire le point des connaissances.
La surcontamination est définie comme l’entrée d’un deuxième virus d’une souche différente de celui ayant causé l’infection. La surinfection est définie comme la ré-infection par une deuxième souche virale, longtemps après l’infection initiale* et en l’absence de réaction efficace du système immunitaire.
Dans ce dossier, après avoir brièvement présenté la surinfection par un virus autre que le VIH-1, seront développés des informations sur les différents sous-types et virus recombinants actuellement responsables de l’épidémie dans les différentes parties du monde. Quelques données sur les virus recombinants permettront ensuite d’éclaircir certains passages du chapitre précédent. Les différentes implications de la surinfection ainsi qu’une conclusion générale complètent ce dossier[[Sur notre site sont également fournies des données en matière de surinfection par le VIH chez l’animal et chez l’homme au travers de quelques cas documentés ]].
Surinfection, mauvais plan…
Même si la surinfection est un phénomène encore peu connu, plusieurs arguments permettent de supposer qu’il s’agit là d’un évênement dont les conséquences peuvent se révéler dramatiques pour la personne atteinte. La surcontamination est toujours à l’origine d’une aggravation de la situation des malades notamment en terme de remontée de la charge virale et par contrecoup de la chute du taux de CD4. Deux autres arguments peuvent être présentés pour illustrer les risques associés à une surinfection : les conséquences de l’infection simultanée par deux souches* distinctes du VIH-1 sur la santé, et la transmission de virus multirésistants dont certains peuvent être à l’origine d’une progression fulgurante de la maladie.
Un virus c’est pas sympa, deux virus…
Une personne peut-être porteuse de deux souches distinctes du VIH-1 suite à une co-infection qui peut être simultanée ou intervenir à des moments successifs. Une analyse rétrospective datant de 2004 et portant sur des personnes atteintes d’une double infection par le VIH-1 qui appartenaient à la cohorte de Seattle et à celle des travailleuses du sexe d’Afrique du Sud, a montré que chez les 5 personnes étudiées la durée moyenne entre séroconversion et entrée dans le sida ou la mort était de 3 ans et demi. De plus, après séroconversion, le temps moyen pour que le taux de CD4 passe en dessous de 200 cellules/mm3 est de 3 ans. Les auteurs de l’étude concluent qu’une double infection par le VIH accélère notablement la progression vers le sida.
Transmission de virus multirésistants…
La transmission de virus résistants à plusieurs antirétroviraux, de la même classe ou à de classes différentes, est documentée dans la littérature médicale. En France, une étude de 2004 présente le cas d’une transmission à deux personnes d’un virus présentant un nombre de résistances important et qui, deux ans après l’infection, et en l’absence de traitement, est inchangé. De plus, aucune réversion vers une souche sauvage n’a été possible. D’un point de vue clinique ces deux personnes, pour lesquelles les options thérapeutiques actuelles sont très réduites, ont une charge virale relativement basse et un taux de CD4 élevé. Le New-yorkais dont le cas a défrayé la chronique en février dernier est quant à lui dans une situation beaucoup plus préoccupante. Cet homme âgé de 40 ans, diagnostiqué séropositif[[Son précédent test datait de mai 2003 était négatif.]] fin décembre 2004, avaient alors un bilan biologique sans appel : un taux de 80 CD4/mm3 et une charge virale de 280 000 copies/mL. Mi-janvier 2005, sa situation générale et de nouveaux examens biologiques suggèraient qu’il était entré en phase sida. Interrogé sur son passé, il pense que sa contamination est intervenue au cours du mois d’octobre 2004, période au cours de laquelle il a eu des rapports sexuels non protégés avec différents partenaires. La progression extrêmement rapide de l’infection, il s’est écoulé moins de cinq mois entre la contamination et le passage au stade sida, dûe à un virus résistant à tous les inhibiteurs de protéase et à la majorité des inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse est un fait nouveau particulièrement inquiétant. Même si ce cas isolé n’a pas été pour l’instant suivi par d’autres, même si chez une personne progressant rapidement vers le sida, il est difficile de faire la part entre le rôle joué par le virus et la réponse immunitaire, il n’en demeure pas moins vrai que ce cas doit susciter la plus grande vigilance.