Une conférence de l’ONU a réuni aujourd’hui jeudi 2 juin 127 pays pour faire l’état de la lutte contre le sida. En 2001 les Etats membres de l’ONU se sont engagés à mobiliser pour 2005 10 milliards de dollars de financement pour la «guerre mondiale au sida». Alors que la quote-part de la France aurait dû être d’au moins 610 millions de dollars, seuls 160 millions ont été budgétés par Paris pour 2005. La France a ainsi rompu ses engagements. Depuis 2001, le sida a tué 12 millions de personnes, et l’hécatombe s’accélérera encore cette année.
Le 27 juin 2001, la France s’était engagée avec le reste des Nations Unies sur l’objectif mondial de 10 milliards de dollars par an à consacrer à la lutte contre le sida. En effet, une étude de l’ONUSIDA avait établi qu’en deçà de ce chiffre, il n’est pas possible de stopper la propagation du virus dans le monde.
La part de la France dans le PNB des pays riches étant, selon le dernier rapport de l’OCDE, de 6,1%, une contribution française minimale de 610 millions de dollars s’imposait pour cette année. Or, d’après les chiffres mêmes du Ministère français des affaires étrangères, Paris n’a budgété que 160 millions de dollars (130 millions d’euros) pour la lutte mondiale contre le sida en 2005. Ainsi, la France se met délibérément 73% en deçà de ses obligations en la matière. À titre de comparaison, la Grande-Bretagne de Tony Blair, elle, réussit à mobiliser près de 930 millions de dollars par an (500 millions de livres), soit presque 6 fois plus que la France.
Le 26 janvier dernier, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait pourtant rappelé les chefs d’État réunis au Forum Economique Mondial à leurs responsabilités. L’agence avait en effet révélé que, sur les 4 milliards de dollars nécessaires en 2005 à la réalisation de l’initiative internationale «3 par 5», lancée en décembre 2003 pour mettre 3 millions de malades du sida sous traitement d’ici fin 2005, seule la moitié avait été engagée, faisant peser ainsi de graves dangers sur cette vitale opération.
D’ailleurs l’envoyé spécial des Nations Unies pour le Sida, Stephen Lewis, avait anticipé le scandale et averti dès le 3 mars 2004 les gouvernements des pays riches : «si le projet de l’OMS de mettre 3 millions de personnes sous traitement VIH d’ici 2005 échoue, ce qui ne manquera pas de se produire si les financements n’arrivent pas, alors il ne restera plus aucune excuse derrière laquelle se cacher — il ne restera que les charniers où on entassera les corps des victimes.»
Le 17 juillet 2000, la France faisait adopter par le Conseil de Sécurité de l’ONU une résolution affirmant que la pandémie du sida, de par son ampleur, menace la stabilité du monde. Depuis, chaque jour, le sida a continué de faire 10 000 morts de plus. Alors que l’Assemblée Générale de l’ONU tire aujourd’hui le bilan des engagements pris pour 2005, voici la question se posent les malades du sida : combien de temps encore la France et les autres pays riches vont-t-il s’entêter dans leur irresponsabilité criminelle ?